Haïti : Le Paradoxe des Drones et des Droits Humains
Alors que la Police nationale d’Haïti tente désespérément de reprendre le contrôle face aux gangs, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme s’inquiète de l’usage “inutile et disproportionné” de la force. Mais qu’en est-il lorsque des milliers de citoyens innocents se font massacrer, violer ou kidnapper sous le silence du monde ?
Publié le 08-Octobre-2025
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Dans une déclaration prononcée à Genève le 2 octobre 2025, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a exprimé ses craintes quant à l’utilisation de la force par les autorités haïtiennes, notamment après les frappes de drones kamikazes qui auraient fait, selon lui, au moins 559 morts, dont 11 enfants, au cours du mois de septembre. Il appelle les autorités à “respecter les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité et de responsabilité”.
Des mots justes, certes, mais des mots qui sonnent creux lorsqu’on les place dans la réalité haïtienne. Depuis des années, les gangs armés sèment la terreur dans les quartiers populaires : ils brûlent, tuent, violent, rançonnent, kidnappent sans relâche. Des mères cherchent encore leurs enfants disparus, des familles entières ont fui leur maison devenue cendre. Pendant que Port-au-Prince se consume, Genève s’inquiète de la “proportionnalité”.
Haïti n’est pas un champ d’expérimentation diplomatique. C’est une nation en agonie, où l’État lutte pour ne pas sombrer complètement dans l’anarchie. Si la police, mal équipée, sous-payée et sans soutien logistique réel, se résout à employer des drones pour tenter de neutraliser des tueurs en série, c’est parce qu’aucune autre option ne lui est offerte. La guerre que mène Haïti est une guerre existentielle.
Et puisque Monsieur le Haut-Commissaire parle de “proportionnalité”, posons-lui quelques questions simples :
Où étiez-vous quand les bandits ont décapité des policiers et exposé leur tête dans les rues ?
Où étiez-vous quand des femmes ont été violées collectivement sous le regard impuissant de leurs voisins ?
Où étiez-vous quand des milliers de familles ont fui bas Delmas, nazon, Carrefour-Feuilles, ou Solino, chassées par des armes de guerre ?
Est-ce cela, la proportionnalité ? Est-ce ce silence-là que prêche la dignité humaine ?
Les droits humains ne doivent pas être des privilèges pour les criminels. Ils doivent aussi protéger les victimes.
Haïti ne cherche pas à bafouer les principes internationaux elle cherche simplement à survivre.
Trop de sang a coulé. Trop de rapports ont été rédigés.
L’heure n’est plus aux communiqués mais à la justice, à la cohérence, et à la compassion réelle.
Car Haïti ne veut pas être un dossier oublié sur une table à Genève.
Elle veut simplement redevenir une terre où vivre n’est plus un acte de courage, mais un droit.
La Rédaction
La Rédaction
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