Un repas ordinaire à un million : quand les ventres du pouvoir engloutissent la dignité d’un peuple affamé
Pendant que les hôpitaux manquent de sérum, que les écoles ferment, que la faim pousse des familles entières dans la rue, l’État, lui, paie des factures de repas à sept chiffres.

Publié le 08-Octobre-2025
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Pendant que la majorité des Haïtiens comptent les grains de riz et partagent un morceau de pain pour survivre, Louis Gérald Gilles, Conseiller présidentiel, dégustait tranquillement ses repas “ordinaires” à plus d’un million de gourdes par mois. Pas de caviar, pas de champagne, pas même un dîner d’État non. Juste des plats simples, servis avec la désinvolture de ceux qui ont oublié ce que coûte la vie.
Une facture datée du 31 mai 2024, émise par BèlBak, Krezi Street Food, expose l’obscénité en chiffres :
Petits déjeuners, déjeuners, soupers, livraisons…
Un total quotidien de 34 150 gourdes, soit plus que le salaire mensuel de dix professeurs d’école publique réunis.
Et cela ne concernait qu’un seul conseiller.
Un seul. Alors imaginez : neuf conseillers présidentiels, un Premier ministre, une armée de ministres et de directeurs généraux affamés. À ce rythme, le budget de la République ne finance plus un gouvernement, mais une cantine de luxe à ciel ouvert.
Pendant que les hôpitaux manquent de sérum, que les écoles ferment, que la faim pousse des familles entières dans la rue, l’État, lui, paie des factures de repas à sept chiffres.
Un repas ordinaire. Pas même un festin. Mais un repas qui coûte autant qu’une année de travail d’un fonctionnaire moyen.
Le document porte la signature d’Emanuella Shelly, responsable du restaurant, preuve que tout cela est bien réel. Rien d’illégal, bien sûr juste une obscénité administrative, une banalité scandaleuse inscrite dans la routine d’un pouvoir qui se gave sous couvert de protocole.
Et ce n’était qu’en 2024, quand la vie était encore “supportable”.
Aujourd’hui, avec la flambée des prix, on imagine sans peine la version 2025 :
Des ventres d’État plus exigeants, des additions plus salées, et un peuple encore plus affamé.
Pendant que le peuple gratte le fond de ses casseroles, les conseillers du Palais signent des factures comme des chèques de luxe.
Ces repas ordinaires sont devenus l’ordinaire d’un système où les dirigeants mangent les budgets pendant que les citoyens mangent le désespoir.
Ce n’est pas un festin, c’est une gifle.
Une gifle au peuple.
Une gifle à la décence.
Une gifle à la République.
Et la question demeure :
Combien coûte encore la honte, quand même la faim du peuple devient un menu du jour ?
(Texte inspiré d'une facture 2024 obtenus par la rédaction)

La Rédaction
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