Quand la peur et la corruption gouvernent, voter devient un simulacre.
Haïti se prépare-t-elle réellement à voter ? Entre gangs armés, institutions en faillite et politiciens corrompus, le capital confiance est à zéro. Même les membres du CEP savent qu’ils ne font pas des élections : ils organisent un désastre sous supervision diplomatique.

Publié le 09-Octobre-2025
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Port-au-Prince le 9 Octobre 2025- Haïti se prépare-t-elle réellement à voter ? Entre gangs armés, institutions en faillite et politiciens corrompus, le capital confiance est à zéro. Même les membres du CEP savent qu’ils ne font pas des élections : ils organisent un désastre sous supervision diplomatique.
Capital confiance : zéro
Ils veulent des élections. Encore.
Comme si un bulletin de vote pouvait purifier un pays gangréné jusqu’à la moelle. Comme si la démocratie pouvait fleurir au milieu des cendres, des balles et du désespoir.
Haïti n’est pas prête à voter. Haïti est prête à craquer.
Pendant que le Conseil présidentiel parle de “calendrier électoral” et de “mobilisation nationale”, les quartiers s’effondrent, les enfants fuient, les gangs avancent. Et dans cette farce collective, le Conseil Électoral Provisoire lui-même ne se fait plus d’illusions.
Les membres du CEP savent qu’ils n’organiseront pas des élections ils organiseront un désastre sous supervision diplomatique.
Personne n’y croit. Pas même eux.
Le capital confiance est zéro, archi-zéro.
Et pourtant, tout le monde fait semblant :
Les politiciens, les ambassadeurs, les conseillers, les “observateurs”.
Chacun joue sa partition dans ce théâtre de carton-pâte pendant que la réalité, elle, hurle dehors.
Le peuple n’attend plus rien d’eux, sinon qu’ils partent ou se taisent.
Depuis trente ans, on nous vend la même illusion :
“transition”, “consensus”, “renouveau”, “inclusion”.
Des mots qui ont perdu tout sens dans la bouche de ceux qui les répètent sans honte.
Ce pays est dirigé par des hommes qui ont transformé la faillite en stratégie de pouvoir, et la misère en carburant électoral.
Et les parrains internationaux, eux, observent en applaudissant mollement.
Ils “accompagnent” comme on accompagne un malade en phase terminale jusqu’à la tombe.
Ils parlent de démocratie, mais financent le simulacre.
Ils parlent de stabilité, mais alimentent le chaos.
Ils veulent des élections, oui, mais pas pour les Haïtiens :
Pour leurs rapports, leurs statistiques, leurs communiqués triomphants.
Mais la vérité est nue, brutale, indiscutable :
On ne peut pas voter dans un pays qu’on ne contrôle plus.
On ne peut pas parler de “volonté populaire” quand le peuple est en fuite.
On ne peut pas parler de “légitimité” quand la peur décide de qui vit et qui meurt.
Non, les conditions ne sont pas réunies.
Non, ce pays n’a pas besoin d’un scrutin.
Ce pays a besoin d’un choc moral, d’une révolte lucide, d’un réveil collectif.
Il faut purger la classe politique, briser la spirale des imposteurs, reconstruire la dignité avant même de songer à une urne.
Qu’ils gardent leurs bulletins et leurs promesses :
Le peuple, lui, garde sa colère.
Et quand viendra l’heure du verdict, il sera sans appel :
Vous avez perdu plus qu’une élection vous avez perdu le droit d’être crus.
Capital confiance : zéro.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
+509 4133-8168