Jocelyn Justin : quand l’État haïtien tue par indifférence et abandon
Un 24 décembre 2024 a port au prince Une journée qui devait être celle de la fête se transforme en carnage. Près de l’Hôpital général de Port-au-Prince (HIEH), des balles tirées avec précision fauchent deux journalistes et un policier. Jocelyn Justin, touché au visage et aux maxillaires, est laissé pour mort, non seulement par les assaillants mais aussi par l’État haïtien, complice par son silence et son inaction.

Publié le 09-Octobre-2025
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Un 24 décembre 2024 à Port-au-Prince Une journée qui devait être celle de la fête se transforme en carnage. Près de l’Hôpital général de Port-au-Prince (HIEH), des balles tirées avec précision fauchent deux journalistes et un policier. Jocelyn Justin, touché au visage et aux maxillaires, est laissé pour mort, non seulement par les assaillants mais aussi par l’État haïtien, complice par son silence et son inaction.
Les auteurs de cette attaque ? Des tireurs incontrôlés, oui, mais surtout des institutions incapables de protéger ceux qui osent informer. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé, et tous les bureaucrates affairés à leurs chèques, ont regardé Justin agoniser à Cuba, sans un geste, sans un mot, comme si la vie d’un journaliste n’était qu’un détail administratif.
La chirurgie urgente promise pour juillet 2025 ? Une plaisanterie macabre. Les médicaments, la nourriture, l’abri ? Nuls. Le traitement réservé à Justin par l’État haïtien : l’indifférence totale, digne d’un scénario kafkaïen où les vies humaines sont des papiers sans valeur.
Joseph Guyler C. Delva, de SOS Journalistes, le dit clairement : « Laisser un journaliste blessé à l’étranger, c’est un crime d’État. » Et il a raison. Car au-delà des tireurs, au-delà de la violence brute, ce qui tue encore Justin, c’est la complicité silencieuse des autorités, des acteurs politiques et des fonctionnaires, qui ont transformé la bureaucratie en arme létale.
RTVHaïti exprime sa solidarité totale à la famille de Jocelyn Justin, à ses confrères tombés et à leur famille. Nous rendons hommage à leur courage, à leur persévérance, et à leur engagement pour dire la vérité dans un pays où dire la vérité peut vous coûter la vie. Leur combat est un phare dans la nuit, et l’État haïtien est un phare éteint, volontairement aveugle.
SOS Journalistes annonce des sit-in devant la Primature et la Villa d’Accueil. Le gouvernement haïtien doit rendre des comptes. Chaque minute de silence est une minute de trop. Chaque promesse non tenue est un coup de plus porté à la dignité d’un journaliste. Et chaque complicité passive est une tache indélébile sur l’honneur du pays.
Le calvaire de Jocelyn Justin n’est pas seulement un scandale : c’est un avertissement pour tous. La presse haïtienne n’est pas un terrain de chasse, et l’impunité n’est pas une option. Les responsables, qu’ils soient tireurs, complices ou bureaucrates, doivent répondre. L’histoire les jugera, et le peuple haïtien n’oubliera pas.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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