Autopsie d’une foi fissurée
Autrefois symbole de rédemption, la foi se transforme aujourd’hui en un théâtre d’ombres où s’effritent les valeurs morales des guides spirituels. Derrière la soutane, la robe pastorale ou le foulard mystique, se cache trop souvent une réalité de luxure, de corruption et d’abus.

Publié le 13-Octobre-2025
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Une foi blessée par les scandales
Les récentes affaires secouant les institutions religieuses ne laissent plus place au doute : le sacré s’effondre sous le poids du scandale. À Jérémie, un prêtre, connu pour sa générosité et son mentorat auprès des jeunes, a été accusé de viols répétés sur une infirmière qu’il aidait financièrement. Ce n’est qu’un cas parmi tant d’autres, reflet d’un système où la piété devient parfois une couverture.
À Port-au-Prince, plusieurs pasteurs évangéliques ont été interpellés pour détournement de dons humanitaires ou enrichissement illicite. Sous prétexte de « semence de foi », certains prélèvent des offrandes qu’ils convertissent en véhicules de luxe, villas ou voyages mystiques à Dubaï.
Et que dire des ougan, autrefois gardiens des traditions, désormais accusés de trafic d’armes, de drogues ou d’exploitation sexuelle lors de cérémonies déguisées en rituels sacrés ? L’un d’eux, à Carrefour, aurait transformé son péristyle en repaire d’enlèvements déguisés en « retraites spirituelles ».
Valeurs effritées, âmes désorientées
Le respect, l’humilité, la compassion jadis pierres angulaires de la foi semblent aujourd’hui remplacées par l’avidité, le pouvoir et la manipulation. Les fidèles, trahis, vacillent entre colère et désillusion.
Comment croire encore, quand les mêmes mains qui bénissent sont accusées de viol, de pédophilie, de corruption, voire de kidnapping ?
La foi, mutilée par ces scandales, devient méconnaissable. Les sermons appellent à la repentance pendant que les coupables négocient avec les juges. Les prières couvrent le bruit des crimes, et la religion se transforme en marché de l’hypocrisie, où la morale se vend au plus offrant.
Une mission détournée
De mission spirituelle, la religion est devenue instrument de domination. Les prêtres manipulent la peur de l’enfer pour imposer leur pouvoir. Les pasteurs exploitent la misère pour récolter la dîme des désespérés. Certains ougan se parent de mysticisme pour justifier l’injustifiable. Et pourtant, au cœur de cette noirceur, quelques voix authentiques résistent. Des croyants sincères, des prêtres dévoués, des pasteurs intègres, des houngan honnêtes. Mais leur lumière peine à percer la brume épaisse de la déchéance morale.
Conclusion : la foi, victime et coupable
Autopsie d’une foi fissurée révèle le visage d’une spiritualité malade, rongée par les abus et les mensonges. Les institutions religieuses, jadis bastions de vérité, sont désormais accusées des pires crimes : viol, pédophilie, corruption, détournement, kidnapping.
Peut-on encore parler de foi quand le crime se cache sous le voile de la prière ?
Peut-on encore croire quand les temples ressemblent à des tribunaux moraux ?
Aujourd’hui, la religion n’a plus seulement perdu ses fidèles elle a perdu son âme.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
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