Emmanuel Vertilaire hué et traité de “mimi” : quand le Karibe devient un one-man-show involontaire
En Haïti, la comédie politique n’a pas besoin de scénariste il suffit d’une scène, d’un micro, et d’un “mimi” bien placé.
Publié le 03-Novembre-2025
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Le Karibe Convention Center a vécu hier un grand moment de... comédie politique. Le conseiller présidentiel Emmanuel Vertilaire, invité à parler de bonne gouvernance (oui, vous avez bien lu), a été accueilli par un tonnerre de huées et un concert de “Mimi ! Mimi !” lancés avec la ferveur d’un carnaval improvisé.
Ce sobriquet, hérité d’une vieille affaire de corruption qu’il traîne comme un parfum persistant, a transformé son discours en séance de stand-up involontaire. À voir la scène, on aurait dit un sketch : un homme parlant d’intégrité pendant que la salle entière éclate de rire. Même les chaises semblaient gênées.
L’ironie d’un système qui ne se regarde plus dans le miroir
Il fallait oser. Faire venir un inculpé pour détournement de fonds dans un programme consacré à la moralité politique, c’est comme inviter un pyromane à donner un atelier sur la prévention des incendies.
Les organisateurs, visiblement surpris que la salle ne se mette pas à prier, ont tenté d’appeler au calme. Peine perdue. Le public, hilare, a transformé le Karibe en tribunal populaire avec verdict immédiat : coupable d’indécence symbolique.
“Mimi” : un simple mot, tout un résumé
Dans le dictionnaire politique haïtien, “mimi” vient d’entrer comme synonyme de duplicité assumée.
C’est doux à l’oreille, mais terriblement piquant. Et quand un peuple se met à rire de ses dirigeants, ce n’est pas toujours par humour : c’est souvent par fatigue. Fatigue de voir les mêmes visages venir donner des leçons sur des vertus qu’ils ne pratiquent jamais.
Silence radio du côté du Palais
Comme souvent, ni M. Vertilaire ni le gouvernement n’ont commenté la scène. Peut-être qu’ils préparent une “formation express” sur comment rester digne après un bain de sarcasme collectif. En attendant, le peuple rit. Un rire amer, certes, mais libérateur.
Le Karibe ou le carnaval de la conscience
Hier, ce n’était pas une conférence politique, mais un carnaval de contradictions :
un politicien décrié prêchant la vertu,
un public moqueur plus lucide que la République,
et un État qui, entre deux silences, regarde le ridicule se dérouler comme un spectacle.
En Haïti, la comédie politique n’a pas besoin de scénariste il suffit d’une scène, d’un micro, et d’un “mimi” bien placé.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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