Haïti interdit les sextoys : la morale avant la vie
Haïti n’a pas besoin de censeurs de chambres à coucher. Elle a besoin d’un État capable de protéger ses citoyens.
Publié le 07-Novembre-2025
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Dans un acte d’une gravité morale hors du commun, le gouvernement haïtien a décidé cette semaine d’interdire l’importation de matériels à caractère sexuel. Oui, vous avez bien lu : dans un pays où la violence règne, où les gangs armés dictent la loi et où les hôpitaux peinent à soigner les blessés, la priorité absolue du gouvernement est… de contrôler les sextoys.
La guerre contre les jouets sexuels
Films érotiques, jouets sexuels, lingeries provocantes : désormais bannis. Selon un responsable du ministère du Commerce, Haïti doit « protéger son identité morale et spirituelle ». On se rassure, donc, : pendant que les rues s’embrasent et que les citoyens risquent leur vie chaque jour, l’État veille sur le contenu de votre chambre à coucher. Noble mission.
Libertés individuelles : un luxe trop dangereux
Pour les défenseurs des droits humains, la mesure est à la fois rétrograde et ridicule. « On interdit des objets sexuels alors que les armes, la drogue et les munitions circulent sans entrave », dénonce une juriste. Mais rassurez-vous : vos sextoys ne feront pas de mal à la nation… contrairement aux gangs qui continuent d’assassiner et d’enlever impunément.
La diversion du siècle
Certains analystes parlent de manœuvre populiste. Dans un pays où l’État est incapable d’assurer sécurité, justice ou bien-être social, mieux vaut interdire les sextoys que s’attaquer aux vrais problèmes. Une habile diversion : détourner l’attention des citoyens vers ce qui choque moralement, pendant que le chaos et la misère continuent de prospérer.
Ironie tragique
Interdire les sextoys pour sauver la morale publique dans un pays où la vie humaine est en suspens, c’est un peu comme repeindre un immeuble en flammes : inutile, ridicule… et tragiquement ironique. Pendant que la population se débat pour survivre, l’État se concentre sur ce qui ne tue personne, oubliant ce qui tue chaque jour.
Haïti n’a pas besoin de censeurs de chambres à coucher. Elle a besoin d’un État capable de protéger ses citoyens. Mais visiblement, dans ce gouvernement, la priorité reste… morale.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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