Ranquitte, la fierté du Nord : là où la beauté devient résistance
Ranquitte, là où l’humain et la terre se rencontrent pour créer quelque chose de plus grand que le temps et l’oubli.
Publié le 08-Novembre-2025
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À 520 mètres d’altitude, entre montagnes, vallées et rivières silencieuses, Ranquitte brille par sa beauté exceptionnelle et la force de ses habitants. Une terre oubliée par l’État, mais fière, courageuse et résiliente, qui continue de semer l’espoir dans chaque foyer.
Une beauté brute et exceptionnelle
Nichée dans le département du Nord, arrondissement de Saint-Raphaël, d’une superficie d’environ 185 km² et abritant près de 27 000 habitants, Ranquitte est un écrin de nature et d’humanité.
“Ici, chaque matin est un miracle,” confie Marie, enseignante locale. “La beauté de notre terre se lit dans nos champs, dans nos sourires et dans nos voix.” Cacao, café, petit mil, maïs, banane : le sol généreux nourrit le corps et l’esprit. Les collines, parfois asséchées par le soleil, portent la mémoire d’un peuple qui croit au travail plus qu’aux promesses.
Le grenier des savoirs et la jeunesse engagée
Ranquitte ne se mesure pas qu’en hectares cultivés.
Elle se lit dans ses esprits éveillés, son grenier de professeurs normaliens, ses jeunes audacieux, et ses femmes courageuses. Trois écoles nationales et un lycée nourrissent l’intellect des enfants.
L’École nationale de Garde Hiram, dirigée par le normalien expérimenté Roland Présumé, incarne la persévérance dans un environnement fragile. “Apprendre ici, c’est un acte de foi,” dit-il, sourire aux lèvres, face à ses élèves.
Des défis qui façonnent le courage
Pourtant, la réalité reste dure : aucun centre de santé fonctionnel, absence de la DINEPA, électricité aléatoire, et jusqu’à cinq ans sans signal Digicel dans certaines zones. À Garde Hiram, la survie est un art.
Les habitants veillent les uns sur les autres, et la présence des agents de la BSAP apporte un sentiment fragile de sécurité. Les troupeaux prospèrent, les champs résistent, et l’économie locale, modeste mais tenace, continue de battre.
La musique comme acte de résistance
À Garde Hiram, la musique est une arme douce. Les chorales Jeune Délivrance et Pitit Vierge Délivrance, fortes de 15 ans d’existence, réunissent 22 et 10 jeunes voix qui chantent l’espoir et la persévérance.
“Nos chants racontent qui nous sommes et ce que nous refusons de perdre,” dit Lucie, 12 ans, membre de la chorale. La musique ici transcende le quotidien, elle célèbre la vie et unit les générations.
Clotaire Casseurs, symbole de résilience
Dans les champs, Clotaire Casseurs, dit Anio, incarne la persévérance de Ranquitte. Cultivateur infatigable, leader communautaire, il consacre depuis 46 ans sa vie à la terre, aux remèdes naturels, et à la formation de plusieurs milliers de “pitit fey”.
“Nous semons l’amour, l’union et la paix avant tout,” explique-t-il. Homme de parole et d’action, Anio illustre que la grandeur d’une commune ne se mesure pas aux routes asphaltées mais à la transmission des valeurs et du savoir.
Ranquitte, terre de dignité et de courage
Malgré ses routes déchirées, son isolement et ses manques, Ranquitte reste une terre d’honneur. Chaque pierre, chaque champ, chaque chant est un acte de résistance. Une commune oubliée par l’État mais jamais par elle-même.
“Nous ne quitterons jamais notre terre,” clame un cultivateur, poing levé, regard vers l’horizon. Ici, la beauté est courage, la dignité est contagieuse, et la foi en l’avenir est une promesse vivante.
Ranquitte, là où l’humain et la terre se rencontrent pour créer quelque chose de plus grand que le temps et l’oubli.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
+509 4133-8168
