BSAP : Quand la Protection de l’Environnement Tourne à la Répression

À force de tuer au nom des forêts, la BSAP oublie que la première espèce en voie de disparition, c’est l’humain digne.

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Publié le 10-Novembre-2025

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À Terrier-Rouge, comme à Trou-du-Nord et au Limbé, la BSAP, censée protéger les aires naturelles d’Haïti, multiplie les abus envers la population. Entre brutalité et intimidation, cette brigade écologique semble avoir oublié sa mission première : défendre l’environnement, pas terroriser les citoyens.

Sous prétexte de défendre les aires protégées, la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP) s’est muée en une force redoutée, armée non pas de conviction écologique, mais d’un zèle répressif presque militaire. Ces gardiens supposés de la nature se sont transformés, peu à peu, en prédateurs de la quiétude populaire.

Trou-du-Nord a connu leur rage. Limbé aussi. Et maintenant, c’est…
Limbé : un mototaxiste tué par la BSAP, cinq agents arrêtés quand la peur porte uniforme

Il s’appelait sans doute Jean, Marc ou Joseph un prénom banal, une vie ordinaire. Mototaxiste à Limbé, il transportait des vies, pas des armes. Samedi, il a croisé la BSAP. Une rencontre de trop, une balle en plein destin, et tout un quartier a crié justice au milieu des flammes.


Un homme, une balle, et toute une ville en colère
Le drame s’est joué en quelques secondes.Un mototaxiste, un agent de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées, une altercation, puis le claquement sec d’un fusil. Le conducteur s’effondre, la foule accourt, l’horreur se répand comme une onde. Dans la poussière et le chaos, un nom s’échappe : Edner Étienne, l’agent accusé d’avoir tiré.

Limbé s’est embrasée au propre comme au figuré.
La mairie, le bureau de la DGI, et la base de la BSAP sont partis en fumée.
Quand la justice tarde, la colère devient juge, jury et bourreau.



La note froide de la police face à la chaleur du deuil
La PNH a confirmé l’arrestation de cinq agents de la BSAP. Dans sa note officielle, elle condamne “le comportement contraire au devoir de protection”. Des mots soigneusement choisis, mais glacials. Rien sur le nom de la victime. Rien sur la douleur des siens. Seulement des formules administratives, là où il aurait fallu une voix humaine.


Limbé, miroir d’un pays à bout de souffle
Ce n’est pas la première fois que la BSAP fait parler d’elle. À Trou-du-Nord, à Terrier Rouge, les mêmes récits de brutalité se répètent : un peuple désarmé face à des agents qui se croient investis du droit divin de frapper, humilier, tirer. Ils disent protéger les “aires protégées”, mais qui protège encore les Haïtiens ?

Dans les rues de Limbé, les gens ne parlent plus de la BSAP ils chuchotent son nom avec la peur au ventre.
Les enfants demandent à leurs mères : “Manman, si m’ sou moto, y ap tire sou mwen tou ?”
Et les mères, impuissantes, serrent plus fort leurs fils.


Le silence des institutions, le cri du peuple
La police appelle au calme. Mais comment calmer un peuple qu’on blesse depuis trop longtemps ? Comment demander la retenue à ceux qui enterrent leurs enfants sous le poids de l’injustice ? “Nou bouke wè san koule, nou bouke pè,” murmure un vieil homme, les yeux rouges de larmes et de fumée. Le pays semble pris dans une spirale où la peur change simplement d’uniforme. Aujourd’hui, ce n’est plus le bandit qui terrorise, c’est celui censé protéger.


À force de tuer au nom des forêts, la BSAP oublie que la première espèce en voie de disparition, c’est l’humain digne. Celui qui rêve encore de rentrer vivant à la maison, après une journée de sueur et de klaxon.

Alors oui, protégeons les arbres, les rivières, les collines…
Mais avant tout, protégeons les hommes. Car sans eux, il n’y aura plus personne pour chanter la beauté de cette terre qu’on prétend défendre à coups de fusil.

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Maxime Daniel ETIENNE

Journaliste

maximedanieletienne@gmail.com

+509 4133-8168


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