PNH : un scandale administratif qui met à nu des années de dérive interne

Un rapport interne, fraîchement publié par la Commission de contrôle et d’analyse des ressources humaines, vient de révéler une série de promotions irrégulières qui secoue le haut commandement.

Actualité

Publié le 10-Novembre-2025

29

L’image de la Police nationale d’Haïti (PNH) en ressort sérieusement écornée. Un rapport interne, fraîchement publié par la Commission de contrôle et d’analyse des ressources humaines, vient de révéler une série de promotions irrégulières qui secoue le haut commandement. En moins de quinze mois, plus de 6 000 avancements de grade ont été accordés en dehors de tout cadre légal.

Créée sur instruction du directeur général André Jonas Vladimir Paraison, cette commission présidée par l’Inspectrice générale Marie Elva Sinora Nassar Pierre avait pour mission de passer au crible la gestion du personnel policier et administratif. Ses conclusions sont sans équivoque : la PNH souffre d’un désordre interne chronique, aggravé par un système de promotions opaque, politisé et déconnecté des normes établies.

D’après le rapport, ces irrégularités ont provoqué une inflation de cadres au sein de l’institution et une pression financière insoutenable sur le budget de l’État. Un constat qui fait écho à des avertissements déjà émis par le ministère de l’Économie et des Finances, notamment entre 2019 et 2020, mais restés lettre morte.

La commission s’est appuyée sur un arsenal juridique complet Constitution, décrets, règlements internes pour conduire une enquête minutieuse : auditions, vérifications croisées, et délibérations collectives. Les résultats pointent des fautes administratives graves, des passe-droits, et un manque flagrant de contrôle au sein de la direction des ressources humaines.

Parmi les recommandations phares : la révision immédiate des promotions suspectes, la réévaluation du manuel du personnel, et la mise en place d’un mécanisme de supervision indépendant afin d’éviter la répétition de tels abus.

La composition de la commission incluant Jackson Hilaire, John Games Olivier, Joseph Rolind Jean Louis, Jacques Pierre et Bichara Faustin atteste d’un travail collectif de longue haleine. Leur rapport, froid et factuel, met en lumière un système où la loyauté personnelle semble parfois primer sur la compétence et le mérite.

En réaction, le commandant en chef André Jonas Vladimir Paraison s’est engagé à « restaurer la discipline et la crédibilité de la PNH ». Une promesse que beaucoup accueillent avec scepticisme, tant les précédentes tentatives de réforme se sont heurtées à la résistance d’un appareil gangrené par les influences politiques.

Derrière les chiffres, une vérité dérangeante : la première force de sécurité du pays peine à se protéger d’elle-même. Et tant que la logique des privilèges l’emportera sur celle du professionnalisme, aucune réforme durable ne sera possible.

0
0

Maxime Daniel ETIENNE

Journaliste

maximedanieletienne@gmail.com

+509 4133-8168


Espace commentaires

Commentaires: 0

Articles de la même catégorie