Port-au-Prince à l’arrêt : quand les gangs dictent la loi
Port-au-Prince n’est plus seulement une capitale : elle est le théâtre d’un bras de fer permanent entre forces de l’ordre et criminels, et la population est prise en otage.
Publié le 19-Novembre-2025
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Port-au-Prince s’éveille ce lundi 17 novembre 2025 comme une ville fantôme. Les rues vides, les commerces clos, et les écoles fermées racontent une réalité glaçante : les gangs armés font désormais la loi dans la capitale.
Jimmy Chérisier, alias Barbecue, chef de la coalition « Viv Ansanm », a annoncé sans détour que ses hommes descendraient dans les rues pour « se mesurer aux forces », tout en exigeant que la population reste confinée. Dans le même temps, Christ-Roi Chéry, dit Krisla, impose un arrêt total des activités à Carrefour, territoire qu’il contrôle d’une main de fer.
Résultat : la capitale est paralysée. Quelques véhicules de transport public circulent, mais la ville est largement désertée. Même les Nations unies recommandent à leur personnel de travailler à domicile, et la plupart des ambassades ont fermé.
La Police nationale d’Haïti (PNH), consciente de la gravité de la menace, a suspendu tous les congés depuis le 16 novembre. Des patrouilles supplémentaires sillonnent la ville et plusieurs points fixes ont été installés. Des habitants rapportent que trois explosions de drones ont été entendues dans le centre-ville, signe que la police tente de contenir une situation devenue explosive.
Cette paralysie de Port-au-Prince révèle une vérité inquiétante : aujourd’hui, ce sont les gangs qui imposent le rythme de vie dans la capitale. L’État, bien qu’alerté, peine à protéger ses citoyens. Chaque jour, les Haïtiens mesurent la fragilité d’un système où la peur devient l’outil principal de contrôle.
Port-au-Prince n’est plus seulement une capitale : elle est le théâtre d’un bras de fer permanent entre forces de l’ordre et criminels, et la population est prise en otage. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si l’État peut encore réaffirmer son autorité, ou si l’impunité des gangs deviendra la norme.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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