La frontière haïtienne et la frontière dominicaine : le jour… et la nuit noire
Le jour et la nuit. À quelques mètres d’intervalle.
Ce n’est pas une frontière : c’est un rappel brutal.
Publié le 19-Novembre-2025
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Il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre l’ampleur du gouffre. La frontière haïtiano-dominicaine est aujourd’hui le point le plus humiliant de l’île : une ligne où la République dominicaine expose sa force, tandis qu’Haïti exhibe malgré elle la faillite complète de son État. Un contraste si violent qu’on a presque l’impression de traverser un fuseau horaire moral : d’un côté le jour, de l’autre la nuit noire.
Côté dominicain : l’État qui fonctionne, l’autorité qui s’impose
Les Dominicains ne se cachent plus : ils sécurisent, ils surveillent, ils contrôlent. Avions militaires, patrouilles coordonnées, postes modernisés, discipline stricte. Le message est clair : “Nous protégeons notre territoire, et nous surveillons le vôtre.”Ils n’ont pas seulement une frontière : ils ont une stratégie, un appareil d’État, un système.
Côté haïtien : l’abandon institutionnel devenu routine
Pendant ce temps, Haïti arrive les mains vides. Pas de moyens, pas de présence réelle, pas d’infrastructures dignes de ce nom. Les postes frontaliers ressemblent parfois à des vestiges : bâtiments fissurés, effectifs insuffisants, communication quasi inexistante. Le pays donne l’impression d’un État en mode survie, sans direction, sans cohérence, sans volonté d’affirmer sa souveraineté face à un voisin qui, lui, ne laisse rien au hasard.
Une frontière devenue métaphore d’un pays abandonné
Ce qui sépare les deux nations n’est plus seulement une barrière métallique : c’est un fossé politique, institutionnel et moral. La frontière est devenue un miroir cruel où Haïti voit à nu sa désorganisation chronique et l’effacement progressif de son autorité. Là où la République dominicaine affirme son État, Haïti expose son vide.
L’île coupée en deux destinées
Une même île, deux futurs qui ne se regardent plus.
L’un avance, l’autre se bat pour ne pas s’effondrer davantage.
L’un protège sa ligne frontalière, l’autre ne protège même plus son propre territoire intérieur.
Jour et nuit
Ce n’est pas une frontière : c’est un rappel brutal.
Un rappel que la luz dominicana illumine son côté de l’île, tandis qu’Haïti reste plongée dans une pénombre institutionnelle totale.
Le jour et la nuit. À quelques mètres d’intervalle.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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