Péligre, l’aéroport, le port : Chronique d’un pays abandonné par ceux censés le gouverner

Pendant que Péligre tombe, que l’aéroport rouille, que le port vacille, que les services publics s’éteignent un par un, un pays entier attend, espère, imagine encore que quelqu’un, quelque part, va intervenir.

Société

Publié le 20-Novembre-2025

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Il faut arrêter de maquiller la réalité :
Haïti n’est plus un État. C’est une coquille vide, un territoire livré au hasard, une administration en coma prolongé.

Péligre n’est pas seulement en panne :
Péligre est le monument national de l’abdication.
Une centrale hydroélectrique géante laissée à la merci d’occupants illégitimes, des pylônes abattus, des installations neutralisées et un gouvernement qui regarde ça comme on regarde passer une procession. Sans réaction. Sans autorité. Sans nerf.

Six mois que le pays suffoque dans le noir. Six mois que Péligre agonise. Six mois que l’État se contente de déclarations creuses pendant que la plus grande infrastructure énergétique du pays se détériore.

On ne parle même plus d’incompétence. On parle d’un effacement total.
L’aéroport Toussaint Louverture ?
Fermé depuis un an. Un an !
Une capitale coupée du monde parce qu’un gouvernement de transition, bardé de titres ronflants, n’a ni la volonté, ni la capacité, ni le courage de rétablir un minimum de fonctionnement.

Haïti est peut-être le seul pays au monde où l’on accepte qu’un aéroport international ferme aussi longtemps sans qu’aucune crise nationale ne soit déclarée.
Ici, l’inacceptable est devenu la norme.


Et maintenant, le port.
Le dernier rempart.
La dernière ouverture vers la vie.
Les États-Unis en sont réduits à écrire noir sur blanc aux autorités haïtiennes que nos ports sont tellement vulnérables, tellement mal gérés, qu’ils pourraient être sanctionnés.

Sanctionnés.
Comme si l’effondrement interne ne suffisait pas, il faut maintenant ajouter le risque d’isolement international.
Haïti ne se dirige plus vers le mur.
Haïti a traversé le mur.
Il ne reste que les décombres.

Les autorités ?
Elles “prennent note”, “suivent la situation”, “étudient les pistes”.
Elles rédigent, commentent, observent… mais ne gouvernent plus rien.

Et c’est peut-être ça, le plus grave :
Il n’y a plus d’autorité politique en Haïti juste des silhouettes qui gèrent l’illusion d’un pouvoir qu’elles n’exercent pas.

Pendant que Péligre tombe, que l’aéroport rouille, que le port vacille, que les services publics s’éteignent un par un, un pays entier attend, espère, imagine encore que quelqu’un, quelque part, va intervenir.

Mais personne ne vient.
Et ceux qui devraient agir sont les premiers à reculer.
Alors posons la seule question honnête, la seule qui brûle vraiment :
Que restera-t-il d’Haïti quand les dernières infrastructures auront cédé et que le monde réalisera que le pays n’a plus de gouvernants, juste des gestionnaires du désastre ?

Parce qu’à ce rythme, ce ne sont pas seulement Péligre, l’aéroport ou le port qui sont en danger.
C’est l’idée même d’un État haïtien.

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Maxime Daniel ETIENNE

Journaliste

maximedanieletienne@gmail.com

+509 4133-8168


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