RÉPUBLIQUE DOMINICAINE : STABILITÉ VITRINE, NARCO-RÉPUBLIQUE DE FAIT UNE ANALYSE SANS FILTRE

Oui, le pays est stable. Oui, il est moderne. Mais c’est justement cette modernité, cette vitesse, cette infrastructure et ce commerce massif qui offrent aux cartels le rêve parfait : un État organisé, mais vulnérable de l’intérieur.

Actualité

Publié le 20-Novembre-2025

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La République dominicaine aime se présenter au monde comme “le modèle des Caraïbes”.
Un pays stable.
Un pays moderne.
Un pays sûr.
Un pays avec une police équipée, une armée réformée, des scanners portuaires dernier cri, des bases navales rénovées, des unités antidrogues prétendument redoutables, et un partenariat stratégique solide avec la DEA.

Mais il faut dire la vérité crue : malgré cette façade impeccable, malgré tous leurs uniformes brillants, leurs conférences de presse et leurs statistiques “officielles”, la République dominicaine reste aujourd’hui le plus grand couloir de cocaïne de l’arc caribéen.

Pas par accident. Pas par hasard. Parce que le système politisé, infiltré, permissif laisse les narcotrafiquants transformer l’île en autoroute incontrôlable.


UNE STABILITÉ DE CARTON QUI CACHE UNE INSTABILITÉ RÉGIONALE

La République dominicaine bénéficie d’une stabilité que peu de pays voisins peuvent revendiquer :

Économie en croissance constante (4 à 5 % par an).

Ports modernisés : Haina, Caucedo, Puerto Plata.

Infrastructure militaire : 50 000 hommes toutes forces confondues.

DNCD (Direction nationale du contrôle des drogues).

DNI (renseignements).

Garde côtière remotorisée.

Radar côtier intégré.

Coopération logistique DEA Homeland Security.

Caméras thermiques dans plusieurs installations portuaires.

Scanners de nouvelle génération financés par Washington.


Théoriquement, c’est un mur infranchissable.
Dans la réalité, c’est une passoire.



LES CHIFFRES QUI CONDAMNENT : LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE EST DEVENUE UN HUB MAJEUR DU NARCOTRAFIC
Chaque année :
Entre 90 et 120 tonnes de cocaïne transitent par l’île, selon des estimations de centres de sécurité régionaux.
Plus de 60 % de la cocaïne saisie aux États-Unis “via les Caraïbes” provient de cargaisons parties de ports dominicains. Les saisies majeures à Porto Rico, Miami, New York ou les Bahamas citent systématiquement Santo Domingo comme point de départ. Entre 2020 et 2025, les forces américaines ont intercepté plus de 15 tonnes dont la majorité venait de la République dominicaine.



530 kilos saisis cette semaine à San Juan : encore une cargaison sortie des ports dominicains. Une demi-tonne… que les criminels considèrent simplement comme une “perte normale”.


DES PORTS ULTRA-MODERNES, MAIS UNE SURVEILLANCE TROUÉE
Les criminels ne traversent plus la région en go-fast ou en pirogue. Ils utilisent : cargos commerciaux modifiés, conteneurs légaux maquillés, sociétés-écrans dans les zones franches, chaînes logistiques hybrides, faux châssis industriels, complicités dans la manutention, réseaux portuaires infiltrés. La République dominicaine a modernisé ses installations… mais pas sa transparence.

Les ports dominicains sont aujourd’hui :
trop grands pour être contrôlés, trop actifs pour être surveillés, trop infiltrés pour être fiables.
C’est exactement ce que recherchent les cartels.


UNE COOPÉRATION AVEC LA DEA QUI NE CHANGE RIEN
La DEA collabore avec les autorités dominicaines. Des opérations conjointes existent. Des agents américains stationnent sur place. Mais lorsque la DEA augmente réellement son niveau d’activité, les saisies explosent immédiatement.
Les experts le savent :
Si la DEA opérait 24/7 avec un déploiement plus agressif, on verrait des saisies de 500 kg à 2 tonnes quasiment chaque jour.
Cela veut dire une chose simple :
Le trafic réel est gigantesque, beaucoup plus massif que ce que le gouvernement dominicain admet.



UN PAYS VITRINE QUI SERVE D’AUTOROUTE AUX CARTELS
Le paradoxe est brutal : Un pays plus stable que ses voisins… mais plus utile aux narcotrafiquants. Un pays mieux équipé militairement…mais incapable d’empêcher les cargaisons de traverser son territoire. Un pays avec des institutions fortes…mais avec des ports qui fonctionnent comme des sas invisibles du crime transnational. La République dominicaine a construit une vitrine pour le tourisme et les investisseurs. Pendant ce temps, les organisations criminelles sud-américaines ont transformé l’arrière-boutique en centre logistique régional.


LA NARCO-RÉPUBLIQUE QU’ILS NE VEULENT PAS NOMMER
La République dominicaine n’est pas seulement un pays de transit.
Elle est devenue : un pivot géographique, un carrefour logistique, une plateforme portuaire permissive, un espace idéal pour les criminels qui veulent atteindre Porto Rico, Miami ou New York.


Oui, le pays est stable. Oui, il est moderne. Mais c’est justement cette modernité, cette vitesse, cette infrastructure et ce commerce massif qui offrent aux cartels le rêve parfait : un État organisé, mais vulnérable de l’intérieur.

Aujourd’hui, la façade tient. Mais derrière, la réalité est déjà là :
Un tourisme impeccable.
Une logistique impeccable.
Un trafic impeccable.

La République dominicaine n’est pas un État en guerre.
C’est pire : c’est un État qui, malgré son apparente maîtrise, laisse filer des tonnes de cocaïne sous ses propres radars.
Et tant que cette contradiction ne sera pas affrontée, les ports dominicains demeureront ce qu’ils sont devenus :
les portes d’entrée dorées du narcotrafic caribéen.

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Maxime Daniel ETIENNE

Journaliste

maximedanieletienne@gmail.com

+509 4133-8168


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