Dadou Pasquet : le dernier accord d’un maestro qui faisait chanter l’âme haïtienne
Dadou Pasquet n’est pas mort. Il a simplement changé de scène.
Publié le 24-Novembre-2025
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Dans la nuit silencieuse du 22 au 23 novembre 2025, Haïti a perdu bien plus qu’un musicien.
Elle a perdu une voix, une guitare, une étoile, un pilier. Elle a perdu Dadou Pasquet, l’homme qui transformait les notes en lumière et les rythmes en poésie.
Et soudain, un vide s’est fait.
Un vide plus grand que les scènes qu’il a illuminées, plus vaste que les villes qu’il a fait danser. Le souffle d’une époque
Dadou n’était pas seulement le fondateur du Magnum Band.
Il était l’architecte d’un son, le sculpteur d’une élégance musicale, le maître d’une esthétique que l’on reconnaît dès les premières mesures. Dans ses doigts, la guitare n’était plus un instrument : c’était une plume, une prière, une langue qui parlait au cœur des gens.
Le konpa, sous son impulsion, a gagné en noblesse ; il est devenu conversation du monde, passerelle entre les îles, cadeau fait à la diaspora dispersée mais toujours connectée par le rythme.
Un homme, une guitare, un pays
On disait de Dadou qu’il jouait avec une précision de chirurgien et une tendresse de père. Qu’il composait comme on respire, qu’il chantait comme on raconte une histoire vraie. Ses accords portaient la sueur des bals populaires, la nostalgie des nuits tropicales, et la fierté d’un peuple qui résiste en dansant. Il a donné à Haïti une part de sa beauté sonore, une part qui ne vieillira jamais.
Un héritage qui dépasse le temps
Son œuvre est un pont. Un pont entre le passé qui se souvient, le présent qui applaudit, et l’avenir qui apprend.
Dadou a inspiré des générations.
Il a été un maître pour ceux qui cherchaient une direction, un phare pour ceux qui doutaient, un modèle pour ceux qui rêvaient d’un art sans compromis. Il laisse un héritage fait de chansons qui ne fanent pas, compositions qui voyagent encore, mélodies qui savent consoler, et une discipline musicale que beaucoup tenteront d’égaler, mais que peu atteindront.
Quand un maestro s’éteint, le pays écoute
Ce matin, Haïti n’a pas seulement pleuré. Elle s’est arrêtée. Elle a tendu l’oreille. Elle a entendu, dans le silence, les dernières vibrations d’une guitare qui ne voulait pas partir.
Dans les rues de Port-au-Prince, dans les salons de Miami, dans les maisons tièdes de Montréal, dans les taxis, les radios, les téléphones, on a remis ses chansons. On a cherché sa voix. On a serré ses notes comme on garde un trésor. Car Dadou Pasquet n’est pas mort. Il a simplement changé de scène.
La musique continue
Et dans chaque accord qu’un jeune guitariste osera jouer, dans chaque danse qui fera vibrer une salle, dans chaque chanson qui racontera Haïti avec élégance et fierté, son esprit continuera d’habiter le pays.
Car les grands artistes ne disparaissent pas : ils deviennent éternels. Et Dadou, lui, l’était déjà.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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