
Publié le 25-Mar-2025
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Haïti : L’Observatoire International pour la Démocratie et la Gouvernance met en garde contre un référendum sous haute tension
Face à l’escalade de la violence qui secoue Haïti, l’Observatoire International pour la Démocratie et la Gouvernance (OIDG) a publié, ce 25 mars 2025, un communiqué alarmant dénonçant la détérioration de la situation sécuritaire et l’entêtement du gouvernement de transition à poursuivre un processus référendaire et électoral dans un climat d’extrême instabilité.
L’OIDG met en lumière une réalité préoccupante : la multiplication des actes de violence dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et dans l’Artibonite, où les bandes armées continuent d’étendre leur contrôle sur plusieurs communes. L’incapacité des autorités à restaurer l’ordre alimente une méfiance grandissante au sein de la population, prise en étau entre la criminalité et un État impuissant.
Depuis plusieurs mois, les exactions des gangs paralysent le pays : enlèvements, massacres, attaques contre des habitants paisibles, Les forces de l’ordre, malgré la présence de la Mission multinationale de soutien à la sécurité, des blindes, peinent à contenir cette vague de terreur. À cela s’ajoute un climat d’incertitude politique, marqué par un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) qui peine à instaurer un dialogue national inclusif.
Dans ce contexte explosif, le gouvernement de transition a annoncé la tenue d’un référendum constitutionnel, une démarche que l’OIDG considère comme une menace pour la démocratie haïtienne. Selon l’Observatoire, toute tentative de modification de la Constitution en dehors d’un consensus national risque de plonger le pays dans une nouvelle crise. L’article 284-3 de la Constitution de 1987 interdit toute réforme par voie référendaire, rendant ainsi ce projet juridiquement contestable et politiquement dangereux.
L’OIDG craint que l’organisation d’élections dans un climat d’insécurité généralisée n’expose les électeurs à des violences, des intimidations et des fraudes massives. Il recommande donc la suspension immédiate du processus électoral et la mise en place de réformes sécuritaires avant toute consultation populaire. L’Observatoire propose une alternative au bras de fer institutionnel actuel : l’élaboration d’un pacte de gouvernabilité sur 25 ans, visant à définir une vision claire de l’avenir du pays. Cette initiative permettrait d’instaurer des mécanismes stables et durables pour assurer une transition ordonnée et éviter les crises cycliques.
En matière électorale, l’OIDG recommande un système de vote mixte, combinant le vote électronique sécurisé et des centres de vote physiques situés dans des zones protégées. Cette solution pourrait limiter les risques de manipulation et favoriser la participation, y compris celle des Haïtiens vivant à l’étranger. Le message de l’OIDG est clair : Haïti ne peut se permettre d’organiser des élections précipitées sans avoir au préalable restauré la sécurité. Le gouvernement de transition doit impérativement revoir ses priorités et œuvrer à la pacification du pays avant d’imposer une réforme constitutionnelle.
Sans une stratégie claire pour contrer l’insécurité et impliquer tous les acteurs nationaux et internationaux dans un processus de stabilisation, le pays court le risque d’un chaos encore plus profond. L’avenir d’Haïti repose désormais sur la capacité des dirigeants à prendre des décisions responsables, à écouter les préoccupations des citoyens et à travailler à une sortie de crise durable.

Paul Markenley Augustin
Journaliste reporter d'iamge/ Administrateur
paulmarkenleyaugustin@gmail.com
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