Haïti : Le Président du Conseil Présidentiel de Transition appelle à l’unité pour éviter une nouvelle crise institutionnelle

« Toute démarche qui nous éloigne des urgences nationales fragilise notre avenir collectif. »

Politique

Publié le 26-Novembre-2025

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Port-au-Prince, 26 novembre 2025 — Dans une lettre solennelle adressée aux membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le Président du CPT, Laurent Saint-Cyr, a lancé un appel pressant à l’unité, à la sagesse et à la responsabilité nationale, alors que le pays se trouve à un tournant particulièrement fragile de son processus de transition.
Ce message intervient dans un climat politique tendu, marqué par des tentatives internes visant à provoquer un changement de gouvernement, notamment par la révocation du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Ces initiatives, selon le Président du CPT, constituent une menace sérieuse pour la stabilité du pays et risquent de compromettre les efforts entrepris depuis plusieurs mois pour restaurer la sécurité, assurer le fonctionnement des institutions et préparer les élections de 2026.

Dans sa correspondance, Laurent Saint-Cyr ne cache pas son inquiétude face aux « décisions majeures » envisagées au sein du Conseil, qu’il estime contraires à l’intérêt supérieur de la Nation. Il avertit que tout bouleversement à la tête du gouvernement mettrait en péril les progrès déjà réalisés et fragiliserait une institution déjà éprouvée par des crises successives.
Il insiste :
« Haïti mérite un leadership responsable, lucide et courageux (…) Il est impératif de rétablir l’ordre démocratique et d’ouvrir la voie à la stabilité afin d’enclencher enfin les grandes réformes indispensables. »
Pour le président du CPT, la responsabilité collective exige de résister aux pressions politiques, aux calculs individuels et aux initiatives improvisées qui pourraient détourner le pays de sa trajectoire déjà fragile.

L’alerte de Laurent Saint-Cyr s’inscrit dans une réalité nationale critique. En 2025, Haïti traverse l’une des périodes les plus complexes de son histoire récente :
• L’insécurité persistante, avec des zones entières contrôlées par des groupes armés.
• La fragilité institutionnelle, due à plus de cinq ans d’absence d’élections régulières.
• L’effritement de la confiance citoyenne, aggravé par la multiplication des crises politiques internes.
• La pression internationale, particulièrement depuis la mobilisation de la Force de Répression des Gangs (FRG) et des partenaires étrangers pour tenter de stabiliser le pays.
Dans ce contexte, le moindre déséquilibre au sommet de l’État peut provoquer des répercussions en cascade. Le Président du CPT semble pleinement conscient de cette réalité, rappelant que le pays ne peut « rester prisonnier de transitions qui n’en finissent pas ».

Dans sa lettre, Saint-Cyr rappelle son engagement depuis son entrée en fonction : instaurer un climat de collégialité, garantir le dialogue interne et maintenir une collaboration constructive entre les deux branches de l’Exécutif la Présidence et la Primature.
Mais ces efforts, dit-il, sont aujourd’hui menacés.
Il déplore que « malgré de longues heures de discussions et de tentatives de consensus », certains acteurs du Conseil envisagent des actions susceptibles de « saper les efforts » en cours pour conduire le pays à de véritables avancées.
Ce rappel à l’ordre vise non seulement les membres du CPT, mais aussi les acteurs politiques et les groupes de pression qui, selon plusieurs observateurs, tentent d’influencer le cours de la transition à travers stratégies, alliances et rivalités.

Le Président du CPT affirme que sa position reste inchangée : il ne s’associera à aucune démarche allant à l’encontre des principes fondamentaux de stabilité, de démocratie et de respect des institutions.
Il réitère que son rôle et celui de chaque membre du Conseil est de protéger l’équilibre institutionnel afin de garantir au pays :
• La tenue des élections attendues pour 2026 ;
• Le maintien d’un minimum de sécurité, grâce notamment aux actions conjointes de la Primature et de la Présidence ;
• La continuité des réformes nécessaires à la transition ;
• Le fonctionnement optimal du Conseil Électoral Provisoire ;
• La préservation de l’intégrité de l’État face aux influences externes et internes.
« Nous devons garder le cap », insiste-t-il, rappelant que la Nation n’attend plus de discours, mais des résultats.

Dans la dernière partie de sa correspondance, Laurent Saint-Cyr adopte un ton encore plus grave :
« Toute démarche qui nous éloigne [des urgences nationales] fragilise notre avenir collectif. »
Il appelle les membres du CPT à faire preuve de maturité politique, d’abnégation et d’un sens profond du devoir envers la Nation. Pour lui, seul un sursaut collectif permettra d’éviter l’éclatement d’une nouvelle crise qui plongerait Haïti dans davantage d’incertitudes.
Il conclut en affirmant sa détermination à servir avec « honneur, loyauté, intégrité et respect », renouvelant l’engagement de guider le pays vers les urnes et vers une nouvelle dynamique nationale.

En publiant cette correspondance, le Chef du CPT prend une position forte. Son message apparaît comme un appel à sauver la transition d’elle-même, à empêcher les tiraillements internes de dérailler le processus, et à rappeler que la stabilité du pays ne peut être un enjeu partisan.
Avec les élections qui approchent, l’insécurité qui persiste, et une population épuisée par des années d’instabilité, la lettre de Laurent Saint-Cyr pourrait bien devenir un document de référence dans l’histoire récente d’Haïti un rappel solennel que le leadership, dans les moments critiques, consiste d’abord à empêcher le pire pour rendre le meilleur possible.

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Paul Markenley AUGUSTIN

Journaliste reporter d'image/ Administrateur

paulmarkenleyaugustin@gmail.com

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