Haïti : vers un retour à l’ordre constitutionnel le CPT adopte le décret électoral, un pari audacieux en pleine crise

Si le CPT et le gouvernement parviennent à transformer ce texte en actions concrètes sécurisation du territoire, réhabilitation des institutions, transparence financière, participation citoyenne alors Haïti pourrait enfin amorcer une nouvelle ère.

Politique

Publié le 02-Décembre-2025

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Port-au-Prince, 2 décembre 2025 Ce 1er décembre, en plein tumulte national, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a franchi une étape décisive : le gouvernement, réuni en Conseil des Ministres sous la présidence de Laurent Saint-Cyr, a adopté à l’unanimité le projet de décret électoral. Cette initiative marque une volonté affichée avec détermination de revenir à un ordre constitutionnel, fragilisé depuis plusieurs années.

Le décret, désormais approuvé, trace les grandes lignes du processus électoral à venir : calendrier, mécanismes d’organisation, garanties de transparence, délais précis… Autant d’éléments qui, sur le papier, semblent répondre aux attentes d’une population assoiffée de démocratie et de stabilité. Le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, ainsi que les membres du gouvernement, ont réaffirmé leur engagement à mobiliser l’ensemble des ressources de l’État pour rendre possible des élections « inclusives, sécurisées et crédibles » dans les plus brefs délais.
« Le cap est désormais clairement fixé : la priorité absolue est l’organisation imminente des élections. » Déclaration du Premier ministre.

La publication prochaine du décret dans Le Moniteur, journal officiel de la République d’Haïti, constitue un signal important : le CPT et le gouvernement entendent à nouveau donner à la population la parole, après près d’une décennie sans scrutins nationaux. Depuis 2016, le pays n’a plus organisé d’élections générales, et l’assassinat du président en 2021, suivi de l’effondrement des institutions, a plongé la nation dans une crise politique profonde.

Selon des sources proches du dossier, ce décret prévoit un calendrier électoral longuement attendu ; mais reste soumis aux conditions d’un retour au moins partiel de la sécurité, un défi majeur dans le contexte actuel.


Le défi est colossal. Depuis des mois, Haïti traverse une crise multidimensionnelle : institutionnelle, économique, sécuritaire. Les groupes armés selon les Nations unies ont pris le contrôle de vastes pans du territoire, paralysant l’action de l’État. Pour que les ambitions d’aujourd’hui deviennent réalité demain, il faudra bien plus qu’un texte promulgué : il faudra un climat de sécurité retrouvé, des institutions réformées, et une volonté collective citoyenne, étatique et internationale de reconstruire l’État haïtien.


Tandis que les jours passent, les Haïtiens subissent toujours les effets d’une crise systémique : insécurité, déplacement de populations, pauvreté aiguë, effondrement des services publics et défiance vis-à-vis des élites.
Le décret électoral, s’il est une lueur, apparaît aussi comme un test : celui d’une transition enfin capable de tenir parole, dans un pays qui a aspiré tant de fois à revivre, à voter, à décider.

Si le CPT et le gouvernement parviennent à transformer ce texte en actions concrètes sécurisation du territoire, réhabilitation des institutions, transparence financière, participation citoyenne alors Haïti pourrait enfin amorcer une nouvelle ère. Sinon, cette promesse d’élections risque fort de s’ajouter à la longue liste des promesses non tenues.


Dans ce contexte, le rôle du CPT, et par conséquent celui du décret électoral, suscitent une forte défiance. Beaucoup craignent qu’à défaut de rétablir la sécurité, le processus électoral tourne à vide, voire à nouveau perdure dans des manipulations et des fraudes.

Des observateurs nationaux comme internationaux soulignent qu’un calendrier électoral, sans garantie de sécurité, risque d’être un simple exercice symbolique. Selon eux, ce sont les racines de la crise absence d’État effectif, infiltration des gangs, défaillance des institutions de contrôle qu’il faudra traiter en priorité pour garantir des élections crédibles.


Pour beaucoup d’Haïtiens, ce décret est d’abord un geste d’espoir. Après des années d’incertitude, d’illégitimité institutionnelle, de pression internationale et de violence, l’idée d’une « sortie par les urnes » suscite un regain de confiance.

Mais ce pari reste fragile : selon des sources internes, le calendrier proposé pourrait placer le premier tour des élections vers la fin 2026 une échéance lointaine qui impose aux autorités de maintenir le cap, malgré les pressions, le scepticisme, et l’urgence sociale.

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Paul Markenley AUGUSTIN

Journaliste reporter d'image/ Administrateur

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