Politique

Publié le 28-May-2025

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Haïti : entre crise institutionnelle et dérive autoritaire, le cri d’alarme des DEMAREH

« Le CPT préfère aiguiser ses mécanismes de captation des ressources publiques et continuer sa lutte interne qui reflète la guerre économique à laquelle se livrent les agents de l’accumulation »,

Port-au-Prince, 28 mai 2025 — Face à une gouvernance jugée défaillante et à une situation humanitaire de plus en plus alarmante, l’organisation politique Démocrates Mobilises pour l’Avancement de la République d’Haïti (DEMAREH) tire la sonnette d’alarme. Dans une note de presse publiée ce mardi 27 mai, le groupe dénonce l’impasse politique dans laquelle est plongé le pays depuis l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse en juillet 2021, et appelle à une large concertation nationale pour redonner à Haïti un cap démocratique.

Plus de trois ans après ce drame, la transition annoncée semble avoir déraillé. Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), mis en place sous les auspices de la CARICOM, n’a pas réussi à rétablir l’ordre constitutionnel ni à calmer la vague de violence qui secoue le pays. Bien au contraire, selon les signataires de la note, le CPT serait devenu un instrument d'accumulation de pouvoir et de ressources entre les mains d’oligarques protégés par l’État.
« Le CPT préfère aiguiser ses mécanismes de captation des ressources publiques et continuer sa lutte interne qui reflète la guerre économique à laquelle se livrent les agents de l’accumulation », peut-on lire dans le document.

La note dresse un tableau sombre de la situation actuelle : famine, flambée des prix, recrudescence des assassinats, multiplication des territoires sous contrôle des gangs armés. Selon les chiffres cités, plus de 2 600 personnes ont été tuées et 1,2 million déplacées à l’intérieur du pays. La Police Nationale d’Haïti semble débordée, alors que des territoires entiers échappent au contrôle des autorités.
Les DEMAREH pointent également la responsabilité directe du gouvernement intérimaire dans l’aggravation de la crise. Le mouvement politique reproche à l’équipe en place son incapacité à rétablir l’ordre public, à organiser des élections crédibles ou à initier une réelle réforme constitutionnelle. Pire encore, l’administration est accusée de détourner des fonds publics, comme le scandale évoqué autour d’un gaspillage de 400 millions de gourdes lors de la célébration du 18 mai.

Dans ce contexte chaotique, les DEMAREH appellent les forces vives du pays — partis politiques, syndicats, organisations de la société civile — à se concerter pour créer une alternative citoyenne au CPT. L’objectif : poser les bases d’une gouvernance plus inclusive, axée sur trois missions prioritaires : le retour à l’ordre public, la réforme constitutionnelle et la tenue d’élections transparentes.
Ce cri d’alarme reflète un sentiment partagé dans de nombreux secteurs de la société haïtienne, où la colère monte face à une élite politique perçue comme déconnectée et corrompue. Si des solutions de sortie de crise ont été proposées à maintes reprises par la communauté internationale, les blocages restent principalement internes.

Le mot d’ordre des DEMAREH — « Pou yon lòt direksyon » — symbolise leur volonté de rompre avec un système jugé obsolète et prédateur. Mais cette volonté suffira-t-elle à renverser l'inertie d’un État déstructuré et à mobiliser un peuple exaspéré, mais souvent résigné ?
Haïti semble aujourd’hui suspendue entre deux forces : l’effondrement total de ses institutions ou la possibilité, encore fragile, d’un sursaut collectif

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Paul Markenley Augustin

Journaliste reporter d'iamge/ Administrateur

paulmarkenleyaugustin@gmail.com

+509 43 57 4301


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