Société

Publié le 03-Jun-2025

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Condamnation de Michael Geilenfeld : une victoire tardive mais symbolique pour les droits de l’enfant en Haïti

Cette décision de justice rendue aux États-Unis vient apporter une forme de réparation morale à des jeunes longtemps brisés par le silence et l’impunité. Elle envoie également un message fort : nul n’est au-dessus des lois, même dans un pays où celles-ci sont trop souvent piétinées.

Port-au-Prince, mai 2025 — L’Institut du Bien-Être Social et de Recherches (IBESR) a salué, à travers une note publique, la condamnation par la justice américaine de Michael Karl Geilenfeld, fondateur de l’orphelinat “Maison Saint-Joseph” à Port-au-Prince, reconnu coupable d’abus sexuels sur des enfants. Ce jugement vient clore un long chapitre d'impunité dans un pays où la vulnérabilité des enfants reste systémique et instrumentalisée.

Déjà en 2014, à la suite d'enquêtes menées par l’IBESR, l’orphelinat avait été fermé après des accusations graves d’abus sexuels sur mineurs. Les enfants victimes avaient alors été transférés vers d’autres institutions. Bien qu’interdit de quitter le pays, Geilenfeld avait fui en République Dominicaine, avant d’être extradé vers les États-Unis où il a été poursuivi pour crimes prémédités, déshumanisants, et qualifiés d’ignobles dans la note de l’IBESR.

Ce verdict, aussi attendu qu’émouvant pour les victimes, résonne comme une rare victoire judiciaire pour les enfants haïtiens souvent oubliés par un système de justice dysfonctionnel et corrompu. Dans un pays ravagé par l’insécurité, la pauvreté extrême et l’effondrement des institutions, les enfants restent les premières cibles d’exploitation qu’elle soit sexuelle, économique ou liée au phénomène de restavèk.

L’IBESR reconnaît d’ailleurs que ce triomphe judiciaire a été rendu possible grâce à la collaboration entre les autorités haïtiennes et américaines, la mobilisation de familles victimes, ainsi que le travail du journaliste Cyrius Cibert, salué pour son engagement sans relâche.
La direction générale de l’IBESR en profite pour réaffirmer son engagement à renforcer la protection de l’enfance en Haïti. Elle promet de « redoubler de vigilance » et appelle à une mobilisation collective et permanente pour que les droits des enfants ne soient plus des slogans vides, mais des réalités concrètes.

Cependant, cette annonce intervient dans un contexte où l'État haïtien est en pleine transition politique fragile, avec des institutions publiques qui peinent à répondre aux besoins élémentaires de la population. L’IBESR, bien qu’actif, reste l’un des rares organismes étatiques à maintenir une présence constante sur le terrain dans le domaine social.

Cette décision de justice rendue aux États-Unis vient apporter une forme de réparation morale à des jeunes longtemps brisés par le silence et l’impunité. Elle envoie également un message fort : nul n’est au-dessus des lois, même dans un pays où celles-ci sont trop souvent piétinées.

En définitive, l’affaire Michael Geilenfeld rappelle de manière brutale que le combat pour la dignité des enfants haïtiens est loin d’être terminé. Mais c’est une avancée, un précédent, une promesse que justice peut encore s’élever au-dessus du chaos.

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Paul Markenley Augustin

Journaliste reporter d'iamge/ Administrateur

paulmarkenleyaugustin@gmail.com

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