Saurel Deronette interroge la capacité du système pénal haïtien à lutter contre la corruption
En Haïti, elle est décrite comme endémique et structurelle, affectant l’ensemble des institutions publiques.

Publié le 03-Septembre-2025
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Port-au-Prince, 1 Septembre 2025 — L’Institut Universitaire des Sciences a accueilli, cette semaine, la soutenance publique du mémoire de Master 2 de Saurel DERONETTE, étudiant de la Faculté de droit, d’économie et de gestion. Sous la direction du Dr Jean-Louis Levenson, le mémoire portait sur un thème d’une brûlante actualité : « Analyse du système pénal haïtien sous l’angle de sa capacité à lutter contre la corruption : 2014-2024 ».
Dans ce travail de recherche, le candidat s’est penché sur un fléau qui mine la société haïtienne depuis des décennies : la corruption. Phénomène mondial, ancien et systémique, elle sape les bases de l’État de droit, ralentit le développement et aggrave les inégalités sociales. En Haïti, elle est décrite comme endémique et structurelle, affectant l’ensemble des institutions publiques.
La décennie étudiée (2014-2024) a été marquée par des scandales majeurs, au premier rang desquels l’affaire PetroCaribe, symbole d’une gestion calamiteuse des ressources publiques et d’une justice incapable de traduire les responsables devant les tribunaux. Malgré des rapports accablants, produits aussi bien par des institutions nationales qu’internationales, la plupart de ces dossiers n’ont connu aucune suite judiciaire.
Au niveau du Sud-Est, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a écarté plusieurs magistrats pour corruption. Mais là encore, aucune poursuite effective n’a été engagée. Cette absence quasi systématique de condamnations dans les affaires de grande envergure soulève des interrogations profondes sur l’efficacité du système pénal haïtien.
Face à ce constat, DERONETTE formule la question centrale de sa recherche : « Dans quelle mesure le système pénal haïtien a-t-il été capable de lutter efficacement contre la corruption entre 2014 et 2024 ? »
À l’issue de sa soutenance, Saurel Deronette a exprimé un sentiment de devoir accompli. « Je crois qu’on doit en finir avec cette question d’impunité politique », a-t-il déclaré. En sa qualité de dirigeant politique, il estime que la réflexion académique doit nourrir l’action publique : « Je dois continuer à étudier en fonction des besoins de mon pays », a-t-il affirmé.
Titulaire d’une licence en sciences juridiques et en sciences agronomiques, ainsi que de diplômes en gouvernance et en psychologie criminelle, DERONETTE ne compte pas s’arrêter là. Il projette déjà de s’inscrire en thèse, avec un objectif clair : proposer des réformes de gouvernance territoriale susceptibles de soutenir l’agriculture locale.
Par ce mémoire, Saurel DERONETTE met en lumière les failles d’un système judiciaire largement discrédité et appelle à une réflexion en profondeur sur les moyens de renforcer la lutte contre la corruption en Haïti, condition indispensable à toute perspective de développement et de stabilité.

Paul Markenley AUGUSTIN
Journaliste reporter d'image/ Administrateur
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