L’économie informelle : frein ou moteur de résilience pour Haïti ?

Pour transformer l’informel en levier de développement : D’abord, il nous faut des politiques de soutien, palliant au problème d’exclusion des plus démunis notamment au microcrédit, encourager les travailleurs à quitter l’informel. De plus, promouvoir un cadre réglementaire adapté à la situation actuelle du pays afin d’épouser toutes démarches transformant l’informel en formel menant à un développement durable et inclusif. Ensuite, favoriser la simplification administrative, mettre sur pieds des politiques d’allégement de la pression fiscale pour les PMEs et des réformes commerciales adaptées au marché du travail.

Économie

Publié le 08-Septembre-2025

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Port-au-Prince, le 8 septembre 2025 - Malgré sa forte corrélation à la pauvreté et au chômage, le secteur informel représente plus de 80% de l’emploi total en Haïti, faisant de lui le principal moteur de l’économie nationale (PNUD, 2021). Définie par le regroupement d’un ensemble d’activités économiques non régulées par l’État, souvent exercées par des travailleurs. euse. s et entrepreneur.e.s qui n’ont pas accès aux cadres formels de production et de commercialisation selon la Banque Mondiale (2021), l’économie informelle est en effet le chemin inévitable menant à la survie de la population haïtienne.

L’expansion de l’informel résulte de l’interaction complexe de variables économiques fondamentales, qui en façonnent la dynamique et la portée, notamment la régression du salariat formel causé par la désindustrialisation, le sous-emploi, la persistance du taux de chômage, la croissance démographique etc. Ainsi, cette précarité économique et l’absence d’opportunités formelles contraignent une grande partie de la jeunesse à intégrer le secteur informel, transformant ce dernier en un espace incontournable de survie et d’insertion socio-économique. En revanche, ce secteur est d’une importance capitale à l’économie nationale en raison de sa participation aux variables macroéconomiques.

Bien que fréquemment marginalisé dans les analyses économiques officielles, ce dernier demeure un pilier central de l’économie haïtienne. Il constitue à la fois un espace de résilience et un filet de sécurité économique, en absorbant une large part de la main-d’œuvre et en garantissant la subsistance des populations les plus vulnérables, en dépit de l’absence de dispositifs institutionnels de protection.

Longtemps perçu à travers une grille de lecture négative - comme une économie de la débrouille, marquée par l’illégalité, la précarité et l’absence de régulation - le secteur informel fait aujourd'hui l’objet d’un réexamen profond (Providence, 2022). Car, littéralement pour sa participation à la vie socio-économique du pays, il est nécessaire de lui octroyer une place prépondérante, en intégrant sa performance dans les comptes nationaux. Ce qui constituerait ainsi, un enjeu majeur pour améliorer la mesure réelle de la production, de l’emploi et de la résilience économique.

L’économie informelle comme moteur de résilience
En effet, étant moteur de résilience, l’économie informelle peut s’adapter facilement aux crises politiques, naturelles et sanitaires, qui sont des chocs perturbant la longévité des activités économiques. Elle peut aussi créer de nouvelle opportunité et favoriser l’innovation dans la survie économique tel que petit commerce, artisanat, services mobiles. Et, le plus important, elle permet à des milliers de familles d’éviter l’extrême pauvreté, favorisant une stabilité financière plus ou moins acceptable.

Quelles pistes pour transformer l’informel en levier de développement
En dépit de son secteur informel notable, le Mexique dans la période 1930-1970 a enregistré des croissances économiques soutenues. Surnommée le miracle mexicain, cette période montre la dynamique de transformation brutale de l’économie mexicaine, marquée par le changement de toutes couches du pays. En effet, ils ont entamé des processus bénéfiques à l’émergence de leur économie.

Ainsi, pour transformer l’informel en levier de développement : D’abord, il nous faut des politiques de soutien, palliant au problème d’exclusion des plus démunis notamment au microcrédit, encourager les travailleurs à quitter l’informel. De plus, promouvoir un cadre réglementaire adapté à la situation actuelle du pays afin d’épouser toutes démarches transformant l’informel en formel menant à un développement durable et inclusif. Ensuite, favoriser la simplification administrative, mettre sur pieds des politiques d’allégement de la pression fiscale pour les PMEs et des réformes commerciales adaptées au marché du travail.

En fin, réglementer le marché du travail pour faciliter l’intégration dans le secteur formel et créer des politiques de concurrence pour les petites entreprises. En conséquence, l’amélioration de cette situation favorise l’ouverture de commercer avec l’extérieur, ce qui entraîne la rentrée des capitaux dans l’économie nationale. Et, le pays deviendra plus compétitif à l’échelle mondiale.




Références bibliographiques
Christophe P. (2022). L’économie solidaire en Haïti femmes, territoires et initiatives populaires.
Corinne D. et Leandro M. (2020). Qu’est-ce que l’économie informelle ?
M. Husson (1994). Les perspectives de développement de l’économie mexicaine.
Roseman A. (2014). L’économie informelle en Haïti : un impact contracyclique sur le PIB ?
Roseman A. (2017). Économie informelle en Haïti, marché du travail et pauvreté : analyses quantitatives.
https://IHSI.gouv.ht
www.undp.org
www.banquemondiale.org

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Zalère RAMEAU

Économiste en formation Certifié de BRH/CÉPALC

zalererameau001@gmail.com

(+509)3450-3696/4207-0847


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