Haïti : La mission kényane, un commerce bâti sur la souffrance
Aujourd’hui, le constat est implacable :
L’argent disparaît
La violence continue
Le peuple paie
Et la facture, elle, reste insupportable.
Publié le 12-Septembre-2025
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Une facture colossale, pour une paix qui n’existe pas
Depuis octobre 2023, une mission multinationale dirigée par le Kenya foule le sol haïtien. Vendue comme un souffle d’espoir, elle coûte déjà plus de 250 millions de dollars. Pourtant, les rues de Port-au-Prince racontent une autre histoire : enlèvements, massacres, familles déchirées. La mission n’a pas acheté la sécurité, seulement entretenu une illusion à prix d’or.
Quand les élites ferment les yeux
Les élites haïtiennes – gouvernement de transition, CPT, familles puissantes – ont ouvert la porte à cette présence étrangère sans plan ni contrôle. Résultat : une mission de façade, où les gangs continuent de dicter la loi et le peuple vit dans la peur.
Les grandes puissances paient… mais jamais le prix humain
Les États-Unis, l’Union européenne et l’ONU financent cette opération sans jamais demander de comptes. Chaque dollar devient profit pour les intermédiaires, alors que la dignité humaine reste absente. Pendant ce temps, les familles haïtiennes pleurent leurs morts.
Des policiers haïtiens sacrifiés dans l’indifférence
Les policiers haïtiens vivent un calvaire : salaires irréguliers, matériel insuffisant, manque de coordination. Face à des gangs qui contrôlent 80 % de la capitale, ils se sentent seuls et abandonnés.
« On risque nos vies pour protéger des familles que personne ne voit », confie un policier de Kenscoff.
« Chaque jour, on voit des enfants voctimes kidnapping de vioks, des voisins tués… et nous, on doit faire semblant que tout va bien », ajoute un officier de Port-au-Prince.
Les habitants eux aussi souffrent :
« Ma maison a été brûlée et je n’ai reçu aucun soutien », témoigne Marie, de Delmas 30l.
« J’ai 17 ans et je ne me sens en sécurité nulle part », raconte Junior, jeune de Solino.
L’argent qu’on refuse d’investir chez nous
Cet argent aurait pu renforcer la police nationale, renforcer les hôpitaux quasiment inexistants, protéger les communautés vulnérables. Au lieu de cela, il disparaît dans des réseaux opaques et des bureaux climatisés, tandis que les habitants continuent de payer en vies brisées et en dignité volée.
Chronologie d’une illusion coûteuse
Oct 2023 : ONU approuve la mission. Budget > 250 M USD
Jan 2024 : Haute Cour kényane juge mission inconstitutionnelle
Mars 2024 : Accord bilatéral Kenya-Haïti, 1 000 policiers promis
Juin 2024 : 400 policiers kényans déployés
Juillet 2024 : +200 policiers, total 600
Sept 2024 : ONU recommande 2 500 agents, seulement 600 présents
Déc 2024 : Premières démissions de policiers kényans
Mars 2025 : Nouvelle rallonge de près de 9 milliards shillings
Mai 2025 : Bilan : 1 600 morts, 1 million déplacé
Sept 2025 : Proposition US-Panama : 5 550 agents pour remplacer la MSS
"Dans tout ce chaos, les policiers haïtiens continuent de marcher en première ligne, épuisés et oubliés."
Ce que cache vraiment cette mission
La mission révèle une vérité brutale : le chaos haïtien est devenu un business, pour les élites locales incapables, pour les institutions internationales déconnectées et pour des acteurs étrangers qui voient dans la misère un terrain d’opportunités. Le peuple n’a droit qu’aux miettes : peur, mort, exil.
Conclusion : un peuple qui paie toujours trop cher
Chaque jour prouve qu’aucune mission étrangère ne peut acheter la paix si elle n’est pas accompagnée de stratégie et de courage politique. Haïti n’a pas besoin de faux sauveurs, mais de leaders qui bâtissent pour le peuple, pas pour leurs privilèges.
Aujourd’hui, le constat est implacable :
L’argent disparaît
La violence continue
Le peuple paie
Et la facture, elle, reste insupportable.
Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
+509 4133-8168
