Haïti en flammes : enfants et filles déplacés, la tragédie que personne ne veut voir
La tragédie des enfants et filles déplacés en Haïti est une bombe à retardement humaine qui menace non seulement leur avenir, mais aussi la stabilité du pays tout entier.

Publié le 12-Septembre-2025
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Introduction
Haïti est aujourd’hui le théâtre d’une crise humanitaire d’une ampleur effroyable. La violence incontrôlée de gangs armés a contraint plus d’un million de personnes à fuir leurs foyers, parmi lesquelles plus de la moitié sont des enfants. Ces jeunes vies arrachées à tout espoir s’enfoncent dans un cycle infernal de violence, de privations et d’exploitation. Parmi eux, les filles subissent une double peine, victimes non seulement du chaos ambiant mais aussi d’abus sexuels, de recrutements forcés et d’exploitation à laquelle la communauté internationale détourne encore trop souvent le regard.
Enfants pris au piège de la violence
Chaque minute, un enfant est déplacé en Haïti à cause d’affrontements armés. La capitale, Port-au-Prince, est devenue une ville fantôme où près de 90% du territoire est contrôlé par des gangs, réduisant les familles à l’exil forcé dans des camps précaires.
« Nous avons fui la violence d’un enfer pour tomber dans un autre, pire encore. Aucune école, aucun soin, juste une peur constante qui nous dévore. »
— Marie, mère de trois enfants déplacés à Port-au-Prince
Privés d’éducation, exposés à la malnutrition et sans accès aux soins, ces enfants sont condamnés à grandir dans un environnement toxique, privé des fondamentaux nécessaires à un développement sain. Les écoles, souvent transformées en refuges temporaires, ne peuvent plus assurer leur mission éducative, plongeant ces jeunes dans un avenir incertain.
Filles déplacées : la double peine
Les filles déplacées vivent une réalité particulièrement cruelle. Elles sont exposées aux violences sexuelles systématiques et au recrutement forcé par les gangs, qui les exploitent impunément. Selon ONU Femmes, environ 300 000 d’entre elles n’ont accès ni à des services sécuritaires ni à une assistance médicale élémentaire.
« Ma fille a été violée dans le camp. Nous criions à l’aide, mais personne ne répondait. »
— Jeanne, mère d’une adolescente agressée
Le programme PREJEUNES, lancé par le gouvernement haïtien avec le soutien de l’UNICEF, tente difficilement de contrer le recrutement des enfants et de proposer une aide psychosociale. Pourtant, ses moyens limités et sa coordination défaillante laissent ces jeunes au cœur du maelström de violence.
Une réponse humanitaire décousue et insuffisante
Malgré un engagement indéniable des ONG sur le terrain, l’aide humanitaire reste largement insuffisante et désordonnée face à l’ampleur de la crise. Les ressources manquent, les organisations peinent à s’organiser, et les milliers de déplacés restent désespérément vulnérables.
« Nous faisons ce que nous pouvons, mais la demande est bien plus grande que nos capacités. »
Responsable d’une ONG internationale
L’accès aux soins est en chute libre : de nombreux centres de santé ont été détruits ou fermés à cause de la violence, ne laissant que très peu d’espoir aux familles déplacées en quête de soins vitaux.
L’inaction coupable du Conseil Permanent de la Transition (CPT)
Dans ce contexte effroyable, la responsabilité politique pèse lourdement sur les épaules du Conseil Permanent de la Transition (CPT). Chargé de gouverner le pays, ce groupe d’élus apparaît comme totalement dépassé, voire complice par son inertie. Malgré l’urgence de la situation, les membres du CPT restent prisonniers de promesses non tenues et d’une paralysie politique qui sacrifie les plus vulnérables.
Ils ferment les yeux sur la dégradation alarmante des conditions de vie des déplacés, ignorent les appels à la protection des enfants et des filles, et s’abritent derrière un mutisme coupable. Cette absence d’engagement concret est une trahison de leurs devoirs et un facteur aggravant la crise humanitaire
Un cri d’alerte inaudible mais vital
La tragédie des enfants et filles déplacés en Haïti est une bombe à retardement humaine qui menace non seulement leur avenir, mais aussi la stabilité du pays tout entier. Ces victimes de violences extrêmes, d’exploitation et d’abandon réclament une mobilisation urgente et massive. Ignorer leur détresse, c’est se rendre complice d’une catastrophe sociale imminente.
Appel à l’action
Il est essentiel que la communauté internationale agisse sans délai : augmenter les financements, garantir la sécurité des camps, protéger les enfants – particulièrement les filles –, restaurer les services essentiels, et mettre fin à l’impunité des gangs. Le CPT doit cesser son immobilisme et prendre ses responsabilités. Seule une réponse coordonnée, forte et durable peut éviter à Haïti de sombrer davantage.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
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