Haïti : Quand l’État taxe plus que la valeur d’un véhicule – Le crime économique d’un racket institutionnalisé

Pendant ce temps, une poignée de privilégiés, politiciens, oligarques et contrebandiers, contournent le système, importent sans payer ou bénéficient d’exemptions. Le peuple, lui, n’a pas cette chance. Il paie deux fois : à travers ses impôts et à travers la misère quotidienne.

Économie

Publié le 15-Septembre-2025

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Une Suzuki Grand Vitara achetée pour 7 000 dollars américains. Voilà un exemple banal qui se transforme en scandale national. Le propriétaire s’attendait à payer environ 350 000 gourdes en taxes. Mais surprise : la Direction Générale des Douanes, sous la houlette du ministère de l’Économie et des Finances, exige près de 950 000 gourdes.

Oui, vous avez bien lu : l’État haïtien impose plus de 104 % de la valeur du véhicule.
Autrement dit, celui qui importe doit verser à l’État plus que le prix d’achat de son bien. Ce n’est plus de la fiscalité, c’est un crime économique, une extorsion légalisée, un véritable racket institutionnalisé.

Et pour quoi faire ?
Pour rouler sur des routes éventrées qui ressemblent à des champs de bataille.
Pour mourir dans des hôpitaux sans médicaments ni médecins.
Pour envoyer ses enfants dans des écoles publiques en ruine.
Pour subir l’insécurité et les gangs, pendant que la police mendie des moyens.


Chaque taxe porte un nom sophistiqué : droit d’accise, TCA, frais de vérification, taxe environnementale, taxe touristique, contribution à un fonds de gestion, et même une « taxe spéciale » dont personne ne sait où elle va. Derrière ce jargon, une seule vérité : on saigne le peuple pour nourrir une élite prédatrice.

Le ministère des Finances, qui prétend être le gardien de l’économie, est complice de ce pillage légal. La Douane, censée protéger le commerce, est devenue une machine à broyer l’initiative et à étrangler la classe moyenne.

Pendant ce temps, une poignée de privilégiés, politiciens, oligarques et contrebandiers, contournent le système, importent sans payer ou bénéficient d’exemptions. Le peuple, lui, n’a pas cette chance. Il paie deux fois : à travers ses impôts et à travers la misère quotidienne.

Alors il faut poser la question, sans détour :
À quoi servent ces 104 % de taxes ?
À réparer une route ? Non.
À équiper un hôpital ? Non.
À renforcer la sécurité ? Non.

Ces taxes servent uniquement à entretenir un État ventripotent, corrompu et parasitaire. Un État qui dévore le peuple au lieu de le servir.

Tant que cette logique prédatrice perdurera, tant que le ministère des Finances et la Douane fonctionneront comme des caisses noires au service d’une minorité, Haïti restera ce pays où l’on taxe la misère et où l’on subventionne le luxe des dirigeants.

Un peuple étranglé a le droit d’exiger des comptes. Et la question doit résonner partout, sans relâche : Ministère des Finances, Douane haïtienne, qu’avez-vous fait de l’argent du peuple ?

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Maxime Daniel ETIENNE

Journaliste

maximedanieletienne@gmail.com

+509 4133-8168


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