Bassin-Bleu : la police repeint son commissariat, la population attend toujours la vraie sécurité
Repeindre un commissariat, c’est bien joli, mais nous, ce qu’on veut, c’est vivre tranquilles, sans avoir peur que les bandits reviennent

Publié le 20-Septembre-2025
14
Après l’incendie du commissariat de Bassin-Bleu, la Police nationale d’Haïti (PNH) annonce la reprise et la réhabilitation du bâtiment. Un symbole fort, repeint à coups de pinceau, qui prétend incarner le retour de l’ordre. Mais la question reste entière : qui repeindra la sécurité disparue ?
Un commissariat rajeuni, une population fatiguée
Le commissariat de Bassin-Bleu, réduit en cendres il y a quelques jours, a changé de décor. Vendredi 19 septembre 2025, le commissaire divisionnaire Fréd Joseph, directeur départemental de la PNH dans le Nord-Ouest, a fièrement supervisé le nettoyage et les travaux de réhabilitation.
Au programme : balais, peinture fraîche et promesses de réouverture pour rassurer une population épuisée par l’insécurité.
Des slogans rassurants, des nuits sans sommeil
La Direction générale de la PNH, dirigée par Vladimir Paraison, n’a pas manqué d’ajouter une formule bien rodée : « La population peut dormir, la police reste vigilante. »
Une déclaration martiale, presque poétique, mais qui prête à sourire quand on sait que beaucoup d’Haïtiens dorment déjà… les yeux ouverts, hantés par les rafales nocturnes et l’ombre omniprésente des gangs.
« Repeindre c’est joli, mais on veut vivre tranquilles »
Dans les rues de Bassin-Bleu, le scepticisme domine.
« Repeindre un commissariat, c’est bien joli, mais nous, ce qu’on veut, c’est vivre tranquilles, sans avoir peur que les bandits reviennent », confie un habitant, résigné.
Un témoignage qui reflète la lassitude d’une population qui ne croit plus aux promesses, mais attend des actes concrets : des patrouilles visibles, des arrestations réelles, une justice qui fonctionne.
La confiance ne se repeint pas
Repeindre les murs d’un commissariat incendié, voilà donc le dernier front de la lutte contre l’insécurité. C’est noble, sans doute, mais la population n’attend pas une façade neuve : elle réclame une protection durable.
Car repeindre les façades, c’est camoufler les fissures. Et pendant qu’on badigeonne les murs, la peur continue de ronger les nuits des habitants. La véritable réhabilitation dont Haïti a besoin, ce n’est pas celle des commissariats, mais celle de la confiance – une confiance perdue, que ni balais ni pinceaux ne suffiront à restaurer.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
+509 4133-8168