La Douane confiée à un directeur au parfum de scandale
Un pays qui met sa douane, son trésor national, entre les mains d’un homme cerné par de telles suspicions ne se ridiculise pas seulement devant le monde. Il se met une balle dans le pied… avec l’arme même qu’il aurait laissée passer à la frontière.

Publié le 22-Septembre-2025
19
En Haïti, on ne confie plus le coffre-fort de la République à un gardien… mais à celui qui serait soupçonné d’avoir déjà les clés du cambriolage.
La nomination de Gérald Remplais à la tête de l’Administration Générale des Douanes (AGD) est un coup de tonnerre qui sent la poudre, la rouille des armes et le soufre des billets blanchis.
Car soyons clairs : l’homme serait cité dans des dossiers explosifs — trafic d’armes et de munitions, blanchiment de capitaux, financement du terrorisme, contrebande, fraude fiscale, association de malfaiteurs. Autant dire un cocktail qui ferait passer la douane pour une simple caverne d’Ali Baba, mais sans les quarante voleurs… puisqu’un seul suffirait à tout diriger.
Et que fait l’État haïtien ?
Au lieu de tenir ses distances, il déroule le tapis rouge, comme pour dire : « Si tu es poursuivi, deviens patron. »
Voilà donc un pays où l’on passe du banc des accusés au fauteuil de directeur, sans escale.
Pendant que des jeunes croupissent en prison pour un vol de poulet ou un téléphone éraflé, un homme qui serait éclaboussé par les soupçons de trafic d’armes reçoit les clés de la douane nationale. C’est comme si on confiait une banque à un faussaire présumé, une pharmacie à un dealer supposé, ou encore une caserne de pompiers à un pyromane notoire.
La logique est renversante : plus l’odeur est forte, plus le poste est prestigieux. Plus le dossier est sombre, plus l’État éclaire la voie vers les hautes fonctions.
Mais le peuple haïtien n’est pas naïf. Il sait reconnaître l’odeur de la poudre derrière le parfum des discours officiels. Il comprend que cette nomination n’est pas une erreur : c’est un aveu. Aveu que la corruption n’est plus combattue, mais institutionnalisée. Qu’au lieu de purifier l’administration, on la parfume d’un parfum empoisonné.
Un pays qui met sa douane, son trésor national, entre les mains d’un homme cerné par de telles suspicions ne se ridiculise pas seulement devant le monde. Il se met une balle dans le pied… avec l’arme même qu’il aurait laissée passer à la frontière.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
+509 4133-8168