Politique

Publié le 04-Dec-2024

105

Haïti : Des élections dans la peur et l’incertitude

Alors qu'il reste seulement 14 mois avant les élections présidentielles de 2026, la perspective de ce scrutin plonge la population haïtienne dans un mélange d’espoir et d’inquiétude. Dans un contexte marqué par l’insécurité croissante, des scandales politiques, et une gestion contestée de la transition, de nombreux citoyens expriment leurs craintes face à l’organisation du scrutin.

« Comment voter si on ne peut pas sortir de chez soi ? »

Nadège, une résidente de Carrefour, une zone gangrénée par la violence, confie son désarroi :

> « J’ai peur pour ma sécurité. Ici, on ne peut pas sortir de chez soi sans risquer sa vie. Comment le gouvernement peut-il garantir que nous pourrons voter ? »

Son témoignage illustre l’inquiétude généralisée d’une population confrontée à une insécurité galopante. Les gangs armés, qui contrôlent des régions stratégiques comme Cité Soleil, Carrefour, et Liancourt, rendent impossible tout accès sécurisé pour des activités civiles, y compris les élections. Selon des rapports récents, près de 60 % de la capitale Port-au-Prince est sous le contrôle direct ou indirect de groupes armés.


Des institutions fragilisées par des scandales
La situation est aggravée par les accusations de corruption au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Plusieurs membres sont accusés d’avoir accepté des pots-de-vin et de gérer les fonds publics de manière douteuse. Face à ces révélations, des partis politiques tels que Fanmi Lavalas et l’OPL ont appelé à la démission des responsables incriminés. Ces scandales ébranlent la confiance des citoyens envers une institution censée superviser un processus électoral transparent et crédible.


Une gouvernance sous pression
La récente nomination de Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre n’a pas dissipé les inquiétudes. Alors que son rôle est de stabiliser le pays et de préparer les élections, sa tâche est rendue presque impossible par la multiplication des crises. De plus, le débat autour d’un éventuel référendum constitutionnel, perçu par certains comme une distraction inutile, divise davantage une société déjà fragilisée.


Une élection nationale menacée
Les questions logistiques liées à l’organisation des élections sont également préoccupantes. Comment acheminer les urnes dans des zones contrôlées par des gangs ? Les citoyens des départements de l’Ouest et de l’Artibonite auront-ils réellement accès au vote ? Certains suggèrent des scrutins différenciés ou des votes délocalisés, mais ces propositions soulèvent des problèmes de transparence et de légitimité.

Un peuple inquiet mais résilient
Malgré les défis, une partie de la population conserve l’espoir que ces élections puissent marquer un tournant pour Haïti. Mais sans une amélioration rapide de la sécurité, une réforme institutionnelle crédible, et un consensus national, cet espoir risque de s’éteindre.

Comme le rappelle Nadège :

> « Tout ce qu’on veut, c’est pouvoir voter en paix, sans avoir peur. Mais est-ce encore possible en Haïti ? »

Un peuple face au défi de sa démocratie

Les élections de 2026 ne sont pas seulement un enjeu politique ; elles incarnent un test de résilience pour le peuple haïtien et ses institutions. Pour garantir leur succès, des actions concrètes sont nécessaires : désarmement des gangs, réformes au sein du CPT, et un engagement fort du gouvernement et de la communauté internationale.

L’avenir démocratique d’Haïti dépend de la capacité de ses dirigeants à répondre aux besoins urgents de la population. Mais la question demeure : Haïti pourra-t-il surmonter ses crises et offrir à ses citoyens le droit de choisir leur avenir en toute sécurité ?

2
0

Pelado LADOUCEUR

Journaliste

ladouceurpelado65@gmail.com

+509 44 57 0864


Espace commentaires

Commentaires: 0

AUTRES