Quand le Barreau décore la corruption : Jacques Hans Joseph sous les applaudissements.

Le Barreau a voulu célébrer l'éthique. Il a fini par couronner le cynisme.

Actualité

Publié le 26-Septembre-2025

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Port-au-Prince, 24 septembre 2025 — Le Barreau de Port-au-Prince se retrouve sous le feu des critiques après avoir décerné une plaque d’honneur à Jacques Hans Joseph, directeur de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC). Une décision qui provoque l’indignation de Me Jean-Henry Céant, ancien Premier ministre et avocat du Barreau, dans une lettre ouverte adressée au bâtonnier Me Patrick Pierre-Louis.

« Une récompense à un homme qui tire sa gloire du chantage »

Pour Me Céant, honorer Jacques Hans Joseph relève du grotesque. Selon lui, le directeur de l’ULCC, en poste depuis six ans, s’est bâti une réputation sur le chantage et la manipulation plutôt que sur la justice. Céant cite plusieurs dossiers où l’ULCC aurait agi de manière partiale, profitant de sa position pour favoriser certains intérêts et intimider des adversaires.

« C’est un homme qui fait de la corruption son business quotidien, et le Barreau applaudit », écrit Céant, rappelant la contradiction flagrante entre la mission de l’ULCC et les pratiques dénoncées.

Des visites « atypiques » et des combines douteuses

L’avocat dénonce également les visites « atypiques » d’ambassadeurs et de représentants internationaux au siège de l’ULCC, effectuées sans autorisation du Conseil d’Administration ni du Ministre de tutelle. Pour Céant, ces gesticulations diplomatiques servent à légitimer des positions de pouvoir que rien ne justifie légalement.

« Imaginez un ambassadeur haïtien à Ottawa allant conseiller l’UPAC ou le FINTRAC… ici, on applaudit la même chose », ironise Céant, dénonçant l’obsession de la légitimation internationale qui gangrène l’État haïtien.

Une habitude nationale à dénoncer

Au-delà de Jacques Hans Joseph, l’avocat dénonce une tendance inquiétante : le prestige des institutions haïtiennes semble souvent dépendre de la présence ou de l’approbation d’acteurs étrangers. « Nous avons parfois la volonté d’être esclaves », cite-t-il, reprenant les mots du professeur et ancien président Lesly François Manigat.

Le Barreau, complice malgré lui

Pour Céant, cette distinction salit l’image du Barreau lui-même et met en lumière une faille majeure : que vaut une profession qui honore ceux qu’elle devrait contrôler ? Il rappelle qu’en 2021, il avait déjà alerté le Conseil de l’Ordre sur ces dérives, mais que rien n’avait été fait.

Une gifle à l’éthique et à l’indépendance

L’affaire met en lumière une contradiction éclatante : le Barreau se veut garant de l’éthique juridique, mais célèbre aujourd’hui celui qui incarne tout le contraire. Comme le résume Céant avec une ironie cinglante :
« Le Barreau a voulu célébrer l’éthique. Il a fini par couronner le cynisme. »

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Maxime Daniel ETIENNE

Journaliste

maximedanieletienne@gmail.com

+509 4133-8168


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