Haïti – Inondations : le Sud, la Grand’Anse et le Nord-Ouest paralysés sous les eaux, l’État aux abonnés absents
Cette Catastrophe n'est pas une surprise : elle est le résultat direct de décennies de négligence, de corruption et d'incompétence.

Publié le 28-Septembre-2025
13
Depuis la soirée du vendredi 26 septembre 2025, des pluies diluviennes s’abattent sans répit sur plusieurs départements du pays, notamment le Sud, la Grand’Anse et le Nord-Ouest. Le bilan matériel est déjà lourd : inondations massives, activités paralysées, routes coupées et infrastructures vitales envahies par les eaux.
Aux Cayes, l’hôpital général, censé être un lieu de soins et de protection, est désormais envahi par les eaux. Dans la commune de Baie-de-Henne, les crues ont anéanti des hectares de plantations, détruit des habitations et décimé le bétail paysan, aggravant la misère d’une population déjà exsangue.
« J’ai perdu tout mon champ de maïs et mes deux cabris, je n’ai plus rien pour nourrir mes enfants », confie Marie, une paysanne de Baie-de-Henne les larmes aux yeux. Aux Cayes, un malade hospitalisé raconte : « L’eau est montée jusque dans ma chambre. Comment peut-on se soigner dans un hôpital transformé en mare ? »
La route nationale est bloquée, isolant des milliers de personnes. Si aucune perte en vies humaines n’a encore été confirmée, l’angoisse est palpable dans les foyers.
Pourtant, face à cette urgence, le gouvernement dirigé par Didier Fils aimé, les mairies concernées, ainsi que le ministère des Travaux publics et celui de l’Agriculture, restent muets et inactifs. Pas de plan de sauvetage, pas de logistique d’urgence, pas même un message clair à la nation. Une fois de plus, la population est livrée à elle-même, abandonnée dans un silence criminel.
Cette catastrophe n’est pas une surprise : elle est le résultat direct de décennies de négligence, de corruption et d’incompétence. Les fonds destinés à la gestion des risques et à la construction d’infrastructures résistantes aux intempéries ont été détournés ou engloutis dans des projets fantômes. Les autorités locales et nationales, incapables de coordonner la moindre réponse, prouvent leur totale déconnexion avec les réalités du pays.
Chaque pluie se transforme en désastre, chaque inondation en drame national annoncé. Pendant que les paysans voient leurs vies s’effondrer, pendant que les familles pataugent dans la boue et la peur, les élites politiques continuent de se disputer le pouvoir, indifférentes au sort d’un peuple qu’elles prétendent représenter.
Il ne s’agit plus seulement d’incompétence, mais d’une trahison délibérée. Car laisser un peuple sans défense face à des catastrophes prévisibles, détourner les fonds de prévention, et se réfugier dans un silence complice, c’est participer au crime.
Haïti ne manque pas d’eau : elle manque d’un État, elle manque surtout de dirigeants loyaux à leur peuple.

Maxime Daniel ETIENNE
Journaliste
maximedanieletienne@gmail.com
+509 4133-8168