CULTURE

Affaire ZAFEM : Dener Ceide tente de faire annuler le jugement rendu à New York

L’affaire judiciaire opposant Dener Ceide à ses anciens collaborateurs autour du nom ZAFEM continue de rebondir devant les tribunaux américains. Selon le journaliste culturel Carel Pèdre, l’avocat du maestro a déposé, le 30 octobre 2025, une requête officielle visant à faire annuler le jugement prononcé quelques semaines plus tôt par un tribunal de New York. Le jugement initial condamnait Dener Ceide à verser un million de dollars à Wiss et Marie Joseph, qui l’accusent d’avoir utilisé illégalement le nom “ZAFEM” à des fins commerciales sans leur consentement. En réponse à cette démarche, Wiss et Marie Joseph ont, le 2 novembre 2025, déposé une opposition accompagnée de plus d’une vingtaine de documents, destinés à défendre la validité du verdict et à prouver que l’usage du nom du groupe leur revenait de plein droit. À ce jour, le juge n’a pas encore statué sur la demande de réouverture du dossier. L’affaire demeure donc en suspens, laissant les fans et les acteurs du milieu musical dans l’incertitude. Ce nouveau développement montre que le conflit autour du groupe ZAFEM, fondé dans la douleur de la séparation entre ses membres, est loin d’être clos. - Analyse et contexte de l’affaire ZAFEM 1. Une bataille d’image autant que de droit L’affaire ZAFEM dépasse la simple querelle juridique : elle symbolise la fragilité des partenariats artistiques dans le milieu musical haïtien, où les questions de propriété intellectuelle et de droits d’auteur sont souvent négligées. Dener Ceide, figure respectée de la musique haïtienne, tente ici de sauvegarder son image et son héritage artistique, tandis que Wiss et Marie Joseph défendent leur identité de cofondateurs du projet. 2. Un jugement lourd de conséquences La condamnation à un million de dollars n’est pas anodine. Elle représente une sanction exemplaire dans un milieu où les différends se règlent rarement devant la justice. Si la décision est maintenue, elle pourrait créer un précédent juridique pour les artistes haïtiens travaillant à l’étranger et encourager la formalisation des contrats entre musiciens. 3. La stratégie de Dener Ceide En demandant l’annulation du jugement, Dener Ceide joue la carte du temps et de la procédure : retarder l’exécution de la sentence, rouvrir la discussion, et peut-être négocier en coulisse. C’est une tactique fréquente dans les affaires de propriété artistique où chaque mot du contrat ou son absence peut tout changer. 4. Une affaire suivie de près par le public Pour les fans, le nom ZAFEM représente plus qu’un groupe : c’est un symbole de renaissance musicale. Ce conflit judiciaire ternit donc une image collective et provoque une fracture émotionnelle au sein du public, partagé entre admiration et désillusion. 5. Enjeux pour la scène musicale haïtienne Cette affaire met en lumière le vide juridique entourant la gestion des groupes musicaux haïtiens. Elle devrait pousser les artistes à se doter de structures légales solides, à enregistrer leurs marques et à clarifier leurs partenariats dès le départ.

Gad Hiram : reportage au cœur des Guédés avec Hougan Anio

L’arrivée et l’atmosphère Aux premières lueurs de l’aube, Gad Hiram, 2ᵉ section communale de Ranquitte, s’éveille sous un ciel d’un bleu tendre. Les collines, baignées de brume, semblent retenir leur souffle, comme pour saluer l’arrivée des fidèles. Des centaines de familles dévalent les sentiers rocailleux, portant des offrandes – rhum, fleurs fraîches, fruits, pain noir – et s’installent autour des autels déjà dressés. L’air est saturé d’un parfum mêlant fumée d’encens, rhum et terre humide, une odeur qui préfigure la rencontre du monde des vivants et des esprits. Les tambours et l’énergie Les tambours rada et petwo commencent à résonner, frappés avec intensité et précision. Le sol tremble légèrement sous les pieds des fidèles, et le son s’élève, vibrant dans la vallée. Chaque battement est comme un cœur collectif, un appel aux esprits qui traversent le voile. Les chants commencent, s’entremêlant, mêlant voix graves et aiguës, murmures et cris de joie, créant un tissu sonore chargé de mémoire et de ferveur. L’entrée des chorales et sociétés mystiques Aux côtés de la Chorale Jeune Délivrance, âgée de 15 ans, d’autres chorales venues de différents temples et sociétés mystiques font leur entrée. Chaque groupe apporte ses chants spécifiques, ses rythmes uniques et ses costumes colorés. Ensemble, toutes les chorales forment un modèle vivant d’unité, prouvant que dans la diversité des pratiques, la communauté se retrouve et se renforce. Les jeunes tournent, sautent, dansent et répondent aux chants avec une synchronisation parfaite, tandis que les adultes observent, encouragent et participent à leur manière. Hougan Anio au centre du rituel Au centre, Hougan Anio, ou Ti Anio, avance avec gravité et autorité. Avec 46 ans d’expérience, il est à la fois prêtre vodou, spécialiste des traitements naturels et cultivateur respecté. Membre de KNVA et de Zantray, il guide les rites avec une poigne douce mais ferme, sa voix résonnant comme un instrument à part entière. Il prononce la parole des esprits, exhortant les participants à abandonner le mal, cultiver l’union et l’amour, et à transmettre ces valeurs aux générations futures. Avec ses milliers de pitit fey, qu’il a élevés dans la tradition, il incarne la continuité, la mémoire et la sagesse. Rituels et offrandes Chaque autel est méticuleusement préparé : rhum, pain noir, fleurs, fruits et bougies sont disposés selon des schémas précis. Hougan Anio se déplace parmi eux, touchant les fronts, murmurant des bénédictions, guidant les chants et ajustant le rythme des tambours. Les fidèles déposent les offrandes avec révérence, offrant aux esprits une nourriture sacrée et symbolique. Certains entrent en transe, leurs corps bougeant au rythme des tambours et des chants, leurs visages illuminés par une expression de communion spirituelle. Les enfants et adolescents, encadrés par les chorales et Hougan Anio, imitent et apprennent, perpétuant les gestes et paroles qui font de Gad Hiram un foyer vivant de traditions ancestrales. Moments de transe et communion À mesure que la journée avance, la transe s’amplifie, les danses deviennent plus rapides, les chants plus intenses. Les fidèles et les esprits semblent se confondre dans une même énergie, créant un moment d’osmose totale. Les tambours continuent de battre, chaque vibration résonnant dans le cœur de tous, rappelant la force de la communauté et la puissance de la mémoire vivante. Un modèle de cohésion et de spiritualité La cérémonie à Gad Hiram n’est pas simplement un rituel : elle est un poème vivant et collectif, où chaque geste, chaque mot, chaque offrandes, chaque danse raconte l’histoire d’un peuple qui honore ses ancêtres et célèbre la vie. La présence des chorales de différents temples et sociétés mystiques aux côtés du Lakou Raisin Kalbas montre que la diversité peut devenir harmonie, et que la tradition vodou est un outil de cohésion et d’unité. Hougan Anio, avec sa sagesse, son énergie et sa bienveillance, reste le phare spirituel de la communauté, guidant les vivants et les morts, les anciens et les jeunes, dans un même souffle de foi et de mémoire. À Gad Hiram, la tradition vit, respire et danse, et chaque année, elle renaît, plus forte, plus vibrante et plus unie que jamais.

Haïti illumine la Foire internationale des Arts des Amériques à Cuenca

Haïti a brillé de mille feux à la Foire internationale des Arts des Amériques, tenue du 28 octobre au 4 novembre 2025 dans la ville coloniale de Cuenca, en Équateur. Pour cette première participation, le pays a conquis le public avec les créations fascinantes des maîtres du métal découpé du Village de Noailles, ce sanctuaire de l’art populaire niché à Croix-des-Bouquets. Les visiteurs ont été littéralement captivés par ces œuvres façonnées à partir de fûts recyclés, métamorphosées en figures mystiques, oiseaux, scènes du quotidien et esprits protecteurs.Chaque sculpture, ciselée avec passion et précision, racontait une histoire : celle d’un peuple résilient, ingénieux, et profondément enraciné dans une tradition artistique qui fait de la récupération une poésie visuelle. Le succès a été fulgurant. En quelques jours, les artistes haïtiens ont écoulé la quasi-totalité de leurs œuvres, suscitant l’admiration des galeristes, des collectionneurs internationaux et de la diaspora haïtienne installée à Cuenca.Une reconnaissance éclatante qui ouvre de nouvelles perspectives de coopération culturelle. L’événement, qui a réuni des créateurs venus d’Argentine, du Chili, du Pérou, du Guatemala et d’Haïti, a même accueilli la visite du président équatorien Daniel Noboa, un geste symbolique qui souligne la portée diplomatique et artistique de la foire. Cette participation remarquable a été rendue possible grâce au soutien conjoint du Ministère haïtien de la Culture et de la Communication, de l’UNESCO et de l’ADAAC, dans le cadre d’un programme d’appui aux artisans du Village de Noailles. Mais au-delà des ventes et des honneurs, c’est une victoire symbolique pour la culture haïtienne. Une manière pour les artistes de Noailles de rappeler au monde que, malgré les épreuves et les cicatrices du pays, la flamme créative d’Haïti ne s’éteint jamais. Elle se forge dans le feu, le métal et l’espoir et s’élève désormais sur la scène culturelle des Amériques comme un hymne à la beauté et à la dignité.

Teddy Hashtag – READY : L’album de la renaissance musicale

Il y a des albums qu’on écoute. Et il y a ceux qu’on ressent. READY appartient à la seconde catégorie un voyage intérieur, une confession artistique, un cri du cœur sculpté en mélodies. Sorti le 23 octobre 2025, ce nouvel opus de Teddy Hashtag n’est pas une simple compilation de sons : c’est une proclamation de maturité, une poésie mise en musique, un miroir où se reflètent les blessures, les espérances et la foi d’un artiste devenu symbole de justesse émotionnelle dans la scène haïtienne moderne. 1. Ki Moun Ou Ye (feat. L-Won) Dès les premières notes, Teddy Hashtag impose un ton introspectif. C’est un dialogue entre l’ego et l’âme, entre l’homme et le miroir. La voix de L-Won s’y glisse comme une ombre bienveillante, apportant profondeur et complicité. Les percussions légères rappellent le battement du cœur, tandis que le refrain, entêtant, questionne plus qu’il ne répond.Une ouverture parfaite, presque spirituelle, comme si l’artiste se demandait à lui-même : “Qui suis-je devenu après tout ce vacarme ?” 2. Detwi (feat. Hendrix Kidd) Ici, la douleur devient une œuvre d’art. La collaboration avec Hendrix Kidd ajoute une touche d’étrangeté mélancolique : un mélange de trap émotionnel et de zouk alternatif.La voix de Teddy, fragile et sincère, se brise par moments, révélant toute la vulnérabilité de l’amour perdu. Le titre porte bien son nom Detwi, détruit mais la beauté de cette destruction, c’est qu’elle donne naissance à la renaissance. 3. Ou Banm Lanmou (feat. Rutshelle Guillaume) Un duo incandescent.La rencontre entre Rutshelle et Teddy Hashtag est une explosion de sincérité, un volcan de sensualité maîtrisée. Le texte est simple, mais la manière de le chanter lui donne une profondeur désarmante. Quand Rutshelle murmure “Ou banm lanmou…”, on y sent la caresse et la blessure. Quand Teddy répond, c’est tout l’homme qui parle : vulnérable, entier, amoureux. Une chanson déjà culte. 4. How I Feel Teddy bascule ici dans l’intime univers du R&B. Chantée en anglais, cette piste déploie une atmosphère planante où chaque mot semble flotter entre nostalgie et apaisement.On y sent l’influence des grandes âmes du néo-soul, mais toujours avec cette signature haïtienne subtile : la chaleur, la sincérité, la lumière derrière la douleur. 5. M Vle Bliye W C’est la chanson du déni amoureux, mais d’un déni lucide. Teddy chante le désir d’oublier sans vraiment y croire. Les arrangements, sobres, laissent la voix se déployer comme une prière. Chaque mot sonne vrai le genre de vérité qu’on n’avoue qu’à soi-même, tard dans la nuit, quand la musique est le seul témoin. 6. Nou Pap Goumen Un message d’apaisement dans un monde qui s’effrite. Ici, Teddy Hashtag se fait messager social : il prêche la réconciliation, l’amour au-dessus de la discorde. Le refrain, quasi-gospel, agit comme une promesse : “Nou pap goumen, nou pap kraze.” C’est un chant de paix, mais aussi de fierté — celle d’un peuple qui refuse la fatalité. 7. Tounen Avè M La nostalgie y règne en reine. Un retour à l’essence du compas romantique, revisité avec des arrangements modernes. Teddy y chante la réconciliation amoureuse avec une émotion pure, presque naïve. La douceur des guitares et la retenue vocale font de ce morceau une caresse sonore. 8. Bondye M Nan L’album se clôt comme un psaume. C’est ici que tout prend sens : READY n’est pas seulement un album d’amour, mais un album de foi. Teddy y rend grâce, non pas par obligation, mais par reconnaissance. Les chœurs en arrière-plan, discrets et célestes, donnent à ce titre une aura de sanctuaire.C’est une fin apaisée, lumineuse comme un lever de soleil après la tempête. READY : La maturité d’un artiste qui a trouvé sa voix Avec READY, Teddy Hashtag signe son œuvre la plus accomplie. Chaque chanson est un fragment de lui-même, une pièce d’un puzzle émotionnel qu’il nous invite à contempler. Entre l’ombre et la lumière, entre la foi et le doute, il peint le portrait d’un homme debout. Cet album est un cadeau pour ceux qui croient encore que la musique peut guérir, élever, et rassembler.Et Teddy Hashtag, dans sa sincérité sans filtre, prouve qu’il n’est plus un simple chanteur : il est devenu un poète du son, un conteur d’âmes.

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SANTé

Haïti : alerte sanitaire après le passage de l’ouragan Melissa

Lors de la 28ᵉ édition des #MardisDeLaNation, le Gouvernement à travers son ministre de la santé, Dr Sinal BERTRAND a présenté les mesures mises en œuvre pour contenir cette crise sanitaire. L’accent est mis sur la prévention, la protection des populations vulnérables et la réhabilitation rapide des infrastructures de santé endommagées. Parmi les actions prioritaires : -Assistance immédiate aux populations sinistrées et soutien aux structures sanitaires affectées ; -Campagnes de sensibilisation et prévention, avec un message clair sur l’importance de l’eau potable, de l’hygiène personnelle et de la sécurité alimentaire ; -Opérations d’assainissement et distribution de kits d’hygiène dans les communautés les plus exposées ; -Surveillance sanitaire renforcée, permettant une réaction rapide face aux nouveaux cas et une coordination étroite avec les partenaires locaux et internationaux ; -Mobilisation des équipes médicales pour garantir la prise en charge des malades et la mise en place de centres de traitement temporaires si nécessaire. Le Gouvernement appelle toutes les communautés à rester vigilantes et à coopérer pleinement pour limiter la propagation des maladies. La population est invitée à respecter les mesures d’hygiène, à privilégier l’eau traitée ou bouillie et à signaler toute situation suspecte aux autorités sanitaires. Face à ces défis post-catastrophe, la prévention et la réactivité restent les armes essentielles pour protéger la santé publique et éviter que la situation ne se transforme en crise majeure.

Automédication en Haïti : une bombe silencieuse dans les foyers

Dans une petite pharmacie de Carrefour, une mère tend un billet de 500 gourdes au comptoir. Sans ordonnance, elle repart avec des antibiotiques pour “faire passer la fièvre” de son fils. Ce geste anodin, répété chaque jour dans les quatre coins du pays, illustre un danger invisible : l’automédication, une pratique devenue aussi courante que risquée En Haïti, se soigner soi-même sans avis médical est presque une norme. Pourtant, selon les experts, cette habitude pourrait à long terme affaiblir tout le système de santé. Pour en parler, Radio Télé Voix d’Haïti s’est entretenue avec le Dr André-Louis Bernard, médecin généraliste, professeur d’université et spécialiste en santé publique, formé à Cuba et en Suisse. Qu’est-ce que l’automédication ? Maxime Daniel Etienne (Journaliste) : Docteur Bernard, que signifie exactement “automédication” ? Dr André-Louis Bernard : “L’automédication, c’est le fait de se soigner soi-même sans consulter un professionnel. Cela inclut l’usage de médicaments achetés sans ordonnance, de restes de traitements ou de remèdes traditionnels. Cela peut sembler pratique, mais c’est une habitude dangereuse, surtout lorsqu’elle devient systématique.” « L’automédication n’est pas une solution, c’est une bombe à retardement sanitaire. » Dr Bernard Maxime Daniel Etienne : Quelles sont les principales causes de ce phénomène ? Dr André-Louis Bernard : “Il y en a plusieurs. D’abord, l’accès difficile aux soins : les hôpitaux sont souvent saturés ou trop éloignés. Ensuite, le coût élevé des consultations pousse beaucoup de familles à chercher des alternatives. À cela s’ajoute la facilité d’accès aux médicaments certaines pharmacies vendent sans ordonnance et la tradition des remèdes maison.” Un autre facteur majeur demeure le manque de sensibilisation. Selon une étude menée en 2023 par la Faculté de Médecine de l’Université d’État d’Haïti, plus de 65 % des Haïtiens reconnaissent avoir déjà pris des médicaments sans avis médical. « L’automédication n’est pas un choix individuel. C’est un problème collectif qui menace la santé publique. » Dr Bernard Des risques graves, souvent ignorés Les conséquences de l’automédication sont multiples et parfois irréversibles : Retard de diagnostic : certaines maladies graves passent inaperçues. Surdosage ou intoxication : les anti-inflammatoires et le paracétamol peuvent endommager le foie et les reins. Résistance bactérienne : l’usage abusif d’antibiotiques rend les infections plus difficiles à traiter. Effets secondaires imprévus : allergies, troubles digestifs, hémorragies, voire hospitalisations. Cas concret : “Un adolescent a pris plusieurs antibiotiques pour une fièvre. En réalité, il souffrait d’une infection pulmonaire sévère. Il a été hospitalisé d’urgence et heureusement sauvé, mais cette erreur aurait pu lui coûter la vie.” Dr Bernard Remèdes traditionnels : entre culture et confusion En Haïti, les plantes médicinales occupent une place historique dans les foyers. Si certaines ont des vertus reconnues, leur usage incontrôlé peut s’avérer dangereux. « Les plantes peuvent soulager certains symptômes, mais elles ne remplacent pas un diagnostic médical. Mal utilisées, elles peuvent aggraver l’état du patient. » Dr Bernard Les pharmacies, quant à elles, jouent parfois un rôle ambigu : la vente sans contrôle de médicaments favorise une spirale de dépendance et de faux traitements. Comment réduire ce fléau ? Le Dr Bernard propose plusieurs pistes de solution : 1. Consulter un médecin dès que les symptômes persistent. 2. Éviter l’usage d’antibiotiques sans prescription. 3. Respecter les doses indiquées sur les ordonnances. 4. Renforcer la régulation du secteur pharmaceutique. 5. Multiplier les campagnes de sensibilisation dans les écoles, médias et églises. « La prévention est la meilleure médecine. Informer, c’est déjà soigner. » Dr Bernard Une urgence de santé publique Au-delà des comportements individuels, l’automédication révèle une crise structurelle du système de santé haïtien : hôpitaux sous-équipés, absence de politique nationale sur le médicament, et vide réglementaire permettant la vente libre de produits potentiellement dangereux. « Tant que les médicaments se vendront comme du pain, la santé publique haïtienne restera en sursis. » Dr André-Louis Bernard Conclusion L’automédication en Haïti est plus qu’un réflexe populaire : c’est une bombe silencieuse qui fragilise les familles et compromet les efforts médicaux. Face à ce constat, la solution passe par l’éducation sanitaire, la régulation stricte et la responsabilité collective. Chaque comprimé pris sans avis médical est un pari risqué sur la santé un pari que trop de foyers haïtiens continuent malheureusement de perdre.

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Politique

Record d’expulsions, record de honte : un président dominicain sans mémoire

Plus de 300 000 Haïtiens expulsés en dix mois. Trois cent mille vies piétinées, et un président dominicain, fils d’immigrés, qui semble avoir la mémoire d’un poisson rouge quand il s’agit de compassion. Ironie cruelle : celui dont les ancêtres ont franchi des frontières pour survivre traite désormais les Haïtiens comme des intrus indésirables. Officiellement, la hausse de 72 % des expulsions serait due aux « patrouilles renforcées » et aux opérations conjointes de police et d’armée. En réalité, c’est un festival de cruauté organisée, avec des rafles arbitraires, des familles arrachées à la hâte, et des enfants séparés de leurs mères comme des numéros sur un registre. On dirait que la dignité humaine est devenue un luxe que le président n’a jamais pu se permettre. À Ouanaminthe, Belladère et dans les villages frontaliers, les rapatriés arrivent épuisés, affamés et humiliés, tandis que les autorités haïtiennes regardent la scène comme si c’était un feuilleton à la télévision. Le drame humain se transforme en spectacle de passivité : le silence officiel devient complice, et la misère, un décor pour la politique de l’indifférence. Ironie historique : un président dont les ancêtres ont cherché une vie meilleure refuse désormais le même droit aux autres, préférant exhiber son arrogance comme un trophée national. La frontière est devenue un ring où l’humanité se fait battre à mains nues, et le cynisme est désormais l’unique stratégie de gouvernement. Pendant que les chiffres gonflent dans les rapports dominicains, la véritable tragédie humaine est effacée. Expulser des centaines de milliers de personnes n’est pas un exploit de sécurité, c’est un acte de mépris d’État, une insulte à l’histoire, et un rappel cruel que la politique peut être un outil de terreur pour ceux qui ont oublié leur passé. Et que dire du président et de ses conseillers ? Ils semblent croire que la frontière est un terrain de jeu pour leur arrogance. Haïti n’est pas un décor pour leurs expériences de pouvoir ; ce sont des vies humaines qu’ils piétinent avec des chaussures bien cirées. Ceux qui oublient leurs racines devraient méditer : l’histoire ne pardonne pas l’oubli, et la mémoire du peuple est infiniment plus longue que leur courte arrogance.

Date : 08-Nov-2025
Auteur : Maxime Daniel ETIENNE
Politique

Affaire Jovenel Moïse : la cour d’appel de Port-au-Prince relance l’instruction

Quatre ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse, la cour d’appel de Port-au-Prince a ordonné un supplément d’enquête, jugeant que l’instruction menée jusque-là ne permettait pas d’établir la vérité dans toute sa complexité. Cette décision, rendue après plusieurs semaines d’audiences, annule l’ordonnance du juge instructeur Walter W. Voltaire, datée du 25 janvier 2024. Les magistrats ont estimé que plusieurs aspects essentiels de l’enquête restaient à explorer. « Cette décision montre que la vérité est encore loin d’être établie », confie une source judiciaire proche du dossier. « Le travail du juge d’instruction devra désormais répondre à toutes les questions laissées en suspens depuis quatre ans. » Une enquête à compléter sur les aspects financiers et techniques La cour demande que soient réunis tous les éléments susceptibles de clarifier le rôle de chacun des inculpés, à charge comme à décharge. Le nouveau volet de l’instruction vise notamment à : Retracer les flux financiers ayant servi à préparer l’opération, identifier les numéros de téléphone utilisés par les suspects et obtenir leurs relevés d’appels entre avril et août 2021, et faire appel à des experts indépendants chargés d’analyser les données techniques recueillies. Selon la décision, l’objectif est de mener « tous les actes d’instruction nécessaires à la manifestation de la vérité ». Maintien en détention et poursuite des fugitifs Les juges ont également ordonné le maintien en détention des inculpés déjà emprisonnés, rejetant les demandes de libération de Marky Kessa, Joseph Félix Badio et des 17 Colombiens poursuivis dans cette affaire. La cour a en outre exigé que les inculpés en cavale soient activement recherchés et incarcérés dans les prisons du lieu de leur arrestation. Pour conduire cette nouvelle phase, le magistrat Cyprien Jn F. Denis Pierre, membre de la cour d’appel, a été désigné juge instructeur. Des appels partiellement recevables Sur le plan procédural, la cour a déclaré irrecevable l’appel de Joverlein Moïse, fils du président assassiné, en raison du non-paiement de l’amende d’appel. Celui de Léon Charles, ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti, a également été rejeté pour vice de forme. En revanche, la juridiction a reconnu recevables les recours déposés par plusieurs personnalités, dont Martine Moïse, Claude Joseph, Louis Edner Gonzague Day, Renald Lubérice, Ardouin Zéphirin, ainsi que les 17 ressortissants colombiens. Une décision attendue dans un dossier emblématique Rendue le 13 octobre 2025, sous la présidence du juge Emmanuel Lacroix, assisté de Phémond Damicy et Cyprien Jn F. Denis Pierre, la décision a été prononcée en présence des commissaires du gouvernement Claude Jean et Rocky Pierre. Pour plusieurs observateurs, cette relance de l’enquête traduit la volonté de rompre avec les lenteurs et les zones d’ombre qui entourent le dossier depuis 2021. « Le pays attend des résultats concrets. L’assassinat d’un président ne peut pas rester sans justice », déclare un avocat au barreau de Port-au-Prince, qui suit le dossier de près. Un dossier à la portée politique majeure Le président Jovenel Moïse avait été abattu dans la nuit du 7 juillet 2021 à sa résidence de Pèlerin 5, dans des circonstances encore floues. Ce meurtre, d’une violence inédite, a plongé Haïti dans une crise politique, institutionnelle et sécuritaire profonde, accentuée par la multiplication des groupes armés et la paralysie de la justice. Depuis, plusieurs enquêtes parallèles ont été ouvertes, notamment aux États-Unis, où certains suspects sont poursuivis pour conspiration et financement du complot. Vers une possible reprise du procès en Haïti La décision de la cour d’appel rouvre la porte à une reprise complète de l’instruction, sous la supervision du nouveau juge désigné. Reste à savoir si ce supplément d’enquête permettra enfin de lever le voile sur les commanditaires de l’attentat et de répondre à la question que tout le pays se pose : qui a tué Jovenel Moïse, et pourquoi ?

Date : 08-Nov-2025
Auteur : Maxime Daniel ETIENNE
Actualité

Haïti : incendie criminel ciblant le directeur de “Pitit Desalin International”

Une fois de plus, la violence frappe la société haïtienne. La résidence de Junior Dor, directeur de la station de radio “Pitit Desalin International”, a été la cible d’un incendie criminel dont les auteurs restent pour l’instant inconnus. Le parti Pitit Desalin condamne fermement cet acte qu’il qualifie de criminel, malhonnête et dégradant, dénonçant une atteinte directe aux valeurs de respect et de tolérance. « Une société ne peut se construire sur la haine, le mensonge et les incendies », déplore la formation politique. Cette attaque s’inscrit dans un contexte inquiétant d’insécurité généralisée, où les tensions et les actes violents se multiplient, fragilisant la vie citoyenne et les fondements mêmes de la démocratie. Pour Pitit Desalin, la transformation des mentalités est une urgence : « Le peuple haïtien doit évoluer ensemble sur la terre de liberté conquise par nos ancêtres », insiste le parti. Le dialogue et la responsabilité collective sont présentés comme les seuls outils capables de désamorcer ces conflits. Dans un message de solidarité, Pitit Desalin exprime tout son soutien à Junior Dor et à sa famille, leur souhaitant force et courage face à cette épreuve. Ce drame soulève une question cruciale : jusqu’à quand la société haïtienne devra-t-elle subir l’intimidation, la violence et les attaques ciblées contre ses acteurs civiques ?

Date : 07-Nov-2025
Auteur : Maxime Daniel ETIENNE
Société

Delmas, terre de l’horreur familiale : quand les pères deviennent prédateurs

Bienvenue à Delmas, où la sécurité des enfants semble être un concept abstrait et où le pire cauchemar familial devient réalité. Ce 6 novembre 2025, la Police Nationale d’Haïti a arrêté… deux pères. Oui, vous avez bien lu : deux pères, censés protéger, nourrir et éduquer, accusés d’avoir violé leurs propres filles. Trois autres cas similaires ont été recensés dans la commune. Mais ne vous inquiétez pas, certains coupables sont toujours “en liberté”, à errer parmi nous, comme si rien ne s’était passé. Dany Bernard, 61 ans, a été interpellé pour avoir engendré une grossesse sur sa fille de 15 ans. Exané Louis et Jean Donel, 44 ans, ont eux aussi transformé leur rôle de père en cauchemar pour leurs filles de 14 et 15 ans. Pendant ce temps, Frantdy Constantin, 38 ans, et d’autres suspects Jonel et Judel Saint Louis ainsi que Patrice Senatus, âgés de 18 à 27 ans restent en fuite, peut-être en train de chercher leur prochaine victime. Et pendant que la société se scandalise à demi-mots, que fait-on réellement pour protéger ces enfants ? Les appels à la vigilance restent des mots sur du papier, les enquêtes semblent avancer au ralenti, et le système, lui, continue de fermer les yeux. Delmas, hélas, illustre une vérité cruelle : nos enfants ne sont pas toujours en sécurité… même entre les murs de leur propre maison. Une ironie glaçante pour une société qui se targue de moralité et de valeurs familiales. À qui la faute ? Aux pères ? Aux institutions ? À nous tous qui regardons ailleurs ? Le débat reste ouvert, mais les victimes, elles, n’ont plus de voix.

Date : 07-Nov-2025
Auteur : Maxime Daniel ETIENNE

A LA UNE

Ranquitte, la fierté du Nord : là où la beauté devient résistance

À 520 mètres d’altitude, entre montagnes, vallées et rivières silencieuses, Ranquitte brille par sa beauté exceptionnelle et la force de ses habitants. Une terre oubliée par l’État, mais fière, courageuse et résiliente, qui continue de semer l’espoir dans chaque foyer. Une beauté brute et exceptionnelle Nichée dans le département du Nord, arrondissement de Saint-Raphaël, d’une superficie d’environ 185 km² et abritant près de 27 000 habitants, Ranquitte est un écrin de nature et d’humanité. “Ici, chaque matin est un miracle,” confie Marie, enseignante locale. “La beauté de notre terre se lit dans nos champs, dans nos sourires et dans nos voix.” Cacao, café, petit mil, maïs, banane : le sol généreux nourrit le corps et l’esprit. Les collines, parfois asséchées par le soleil, portent la mémoire d’un peuple qui croit au travail plus qu’aux promesses. Le grenier des savoirs et la jeunesse engagée Ranquitte ne se mesure pas qu’en hectares cultivés. Elle se lit dans ses esprits éveillés, son grenier de professeurs normaliens, ses jeunes audacieux, et ses femmes courageuses. Trois écoles nationales et un lycée nourrissent l’intellect des enfants. L’École nationale de Garde Hiram, dirigée par le normalien expérimenté Roland Présumé, incarne la persévérance dans un environnement fragile. “Apprendre ici, c’est un acte de foi,” dit-il, sourire aux lèvres, face à ses élèves. Des défis qui façonnent le courage Pourtant, la réalité reste dure : aucun centre de santé fonctionnel, absence de la DINEPA, électricité aléatoire, et jusqu’à cinq ans sans signal Digicel dans certaines zones. À Garde Hiram, la survie est un art. Les habitants veillent les uns sur les autres, et la présence des agents de la BSAP apporte un sentiment fragile de sécurité. Les troupeaux prospèrent, les champs résistent, et l’économie locale, modeste mais tenace, continue de battre. La musique comme acte de résistance À Garde Hiram, la musique est une arme douce. Les chorales Jeune Délivrance et Pitit Vierge Délivrance, fortes de 15 ans d’existence, réunissent 22 et 10 jeunes voix qui chantent l’espoir et la persévérance. “Nos chants racontent qui nous sommes et ce que nous refusons de perdre,” dit Lucie, 12 ans, membre de la chorale. La musique ici transcende le quotidien, elle célèbre la vie et unit les générations. Clotaire Casseurs, symbole de résilience Dans les champs, Clotaire Casseurs, dit Anio, incarne la persévérance de Ranquitte. Cultivateur infatigable, leader communautaire, il consacre depuis 46 ans sa vie à la terre, aux remèdes naturels, et à la formation de plusieurs milliers de “pitit fey”. “Nous semons l’amour, l’union et la paix avant tout,” explique-t-il. Homme de parole et d’action, Anio illustre que la grandeur d’une commune ne se mesure pas aux routes asphaltées mais à la transmission des valeurs et du savoir. Ranquitte, terre de dignité et de courage Malgré ses routes déchirées, son isolement et ses manques, Ranquitte reste une terre d’honneur. Chaque pierre, chaque champ, chaque chant est un acte de résistance. Une commune oubliée par l’État mais jamais par elle-même. “Nous ne quitterons jamais notre terre,” clame un cultivateur, poing levé, regard vers l’horizon. Ici, la beauté est courage, la dignité est contagieuse, et la foi en l’avenir est une promesse vivante. Ranquitte, là où l’humain et la terre se rencontrent pour créer quelque chose de plus grand que le temps et l’oubli.

Record d’expulsions, record de honte : un président dominicain sans mémoire

Plus de 300 000 Haïtiens expulsés en dix mois. Trois cent mille vies piétinées, et un président dominicain, fils d’immigrés, qui semble avoir la mémoire d’un poisson rouge quand il s’agit de compassion. Ironie cruelle : celui dont les ancêtres ont franchi des frontières pour survivre traite désormais les Haïtiens comme des intrus indésirables. Officiellement, la hausse de 72 % des expulsions serait due aux « patrouilles renforcées » et aux opérations conjointes de police et d’armée. En réalité, c’est un festival de cruauté organisée, avec des rafles arbitraires, des familles arrachées à la hâte, et des enfants séparés de leurs mères comme des numéros sur un registre. On dirait que la dignité humaine est devenue un luxe que le président n’a jamais pu se permettre. À Ouanaminthe, Belladère et dans les villages frontaliers, les rapatriés arrivent épuisés, affamés et humiliés, tandis que les autorités haïtiennes regardent la scène comme si c’était un feuilleton à la télévision. Le drame humain se transforme en spectacle de passivité : le silence officiel devient complice, et la misère, un décor pour la politique de l’indifférence. Ironie historique : un président dont les ancêtres ont cherché une vie meilleure refuse désormais le même droit aux autres, préférant exhiber son arrogance comme un trophée national. La frontière est devenue un ring où l’humanité se fait battre à mains nues, et le cynisme est désormais l’unique stratégie de gouvernement. Pendant que les chiffres gonflent dans les rapports dominicains, la véritable tragédie humaine est effacée. Expulser des centaines de milliers de personnes n’est pas un exploit de sécurité, c’est un acte de mépris d’État, une insulte à l’histoire, et un rappel cruel que la politique peut être un outil de terreur pour ceux qui ont oublié leur passé. Et que dire du président et de ses conseillers ? Ils semblent croire que la frontière est un terrain de jeu pour leur arrogance. Haïti n’est pas un décor pour leurs expériences de pouvoir ; ce sont des vies humaines qu’ils piétinent avec des chaussures bien cirées. Ceux qui oublient leurs racines devraient méditer : l’histoire ne pardonne pas l’oubli, et la mémoire du peuple est infiniment plus longue que leur courte arrogance.

Affaire Jovenel Moïse : la cour d’appel de Port-au-Prince relance l’instruction

Quatre ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse, la cour d’appel de Port-au-Prince a ordonné un supplément d’enquête, jugeant que l’instruction menée jusque-là ne permettait pas d’établir la vérité dans toute sa complexité. Cette décision, rendue après plusieurs semaines d’audiences, annule l’ordonnance du juge instructeur Walter W. Voltaire, datée du 25 janvier 2024. Les magistrats ont estimé que plusieurs aspects essentiels de l’enquête restaient à explorer. « Cette décision montre que la vérité est encore loin d’être établie », confie une source judiciaire proche du dossier. « Le travail du juge d’instruction devra désormais répondre à toutes les questions laissées en suspens depuis quatre ans. » Une enquête à compléter sur les aspects financiers et techniques La cour demande que soient réunis tous les éléments susceptibles de clarifier le rôle de chacun des inculpés, à charge comme à décharge. Le nouveau volet de l’instruction vise notamment à : Retracer les flux financiers ayant servi à préparer l’opération, identifier les numéros de téléphone utilisés par les suspects et obtenir leurs relevés d’appels entre avril et août 2021, et faire appel à des experts indépendants chargés d’analyser les données techniques recueillies. Selon la décision, l’objectif est de mener « tous les actes d’instruction nécessaires à la manifestation de la vérité ». Maintien en détention et poursuite des fugitifs Les juges ont également ordonné le maintien en détention des inculpés déjà emprisonnés, rejetant les demandes de libération de Marky Kessa, Joseph Félix Badio et des 17 Colombiens poursuivis dans cette affaire. La cour a en outre exigé que les inculpés en cavale soient activement recherchés et incarcérés dans les prisons du lieu de leur arrestation. Pour conduire cette nouvelle phase, le magistrat Cyprien Jn F. Denis Pierre, membre de la cour d’appel, a été désigné juge instructeur. Des appels partiellement recevables Sur le plan procédural, la cour a déclaré irrecevable l’appel de Joverlein Moïse, fils du président assassiné, en raison du non-paiement de l’amende d’appel. Celui de Léon Charles, ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti, a également été rejeté pour vice de forme. En revanche, la juridiction a reconnu recevables les recours déposés par plusieurs personnalités, dont Martine Moïse, Claude Joseph, Louis Edner Gonzague Day, Renald Lubérice, Ardouin Zéphirin, ainsi que les 17 ressortissants colombiens. Une décision attendue dans un dossier emblématique Rendue le 13 octobre 2025, sous la présidence du juge Emmanuel Lacroix, assisté de Phémond Damicy et Cyprien Jn F. Denis Pierre, la décision a été prononcée en présence des commissaires du gouvernement Claude Jean et Rocky Pierre. Pour plusieurs observateurs, cette relance de l’enquête traduit la volonté de rompre avec les lenteurs et les zones d’ombre qui entourent le dossier depuis 2021. « Le pays attend des résultats concrets. L’assassinat d’un président ne peut pas rester sans justice », déclare un avocat au barreau de Port-au-Prince, qui suit le dossier de près. Un dossier à la portée politique majeure Le président Jovenel Moïse avait été abattu dans la nuit du 7 juillet 2021 à sa résidence de Pèlerin 5, dans des circonstances encore floues. Ce meurtre, d’une violence inédite, a plongé Haïti dans une crise politique, institutionnelle et sécuritaire profonde, accentuée par la multiplication des groupes armés et la paralysie de la justice. Depuis, plusieurs enquêtes parallèles ont été ouvertes, notamment aux États-Unis, où certains suspects sont poursuivis pour conspiration et financement du complot. Vers une possible reprise du procès en Haïti La décision de la cour d’appel rouvre la porte à une reprise complète de l’instruction, sous la supervision du nouveau juge désigné. Reste à savoir si ce supplément d’enquête permettra enfin de lever le voile sur les commanditaires de l’attentat et de répondre à la question que tout le pays se pose : qui a tué Jovenel Moïse, et pourquoi ?

Haïti : incendie criminel ciblant le directeur de “Pitit Desalin International”

Une fois de plus, la violence frappe la société haïtienne. La résidence de Junior Dor, directeur de la station de radio “Pitit Desalin International”, a été la cible d’un incendie criminel dont les auteurs restent pour l’instant inconnus. Le parti Pitit Desalin condamne fermement cet acte qu’il qualifie de criminel, malhonnête et dégradant, dénonçant une atteinte directe aux valeurs de respect et de tolérance. « Une société ne peut se construire sur la haine, le mensonge et les incendies », déplore la formation politique. Cette attaque s’inscrit dans un contexte inquiétant d’insécurité généralisée, où les tensions et les actes violents se multiplient, fragilisant la vie citoyenne et les fondements mêmes de la démocratie. Pour Pitit Desalin, la transformation des mentalités est une urgence : « Le peuple haïtien doit évoluer ensemble sur la terre de liberté conquise par nos ancêtres », insiste le parti. Le dialogue et la responsabilité collective sont présentés comme les seuls outils capables de désamorcer ces conflits. Dans un message de solidarité, Pitit Desalin exprime tout son soutien à Junior Dor et à sa famille, leur souhaitant force et courage face à cette épreuve. Ce drame soulève une question cruciale : jusqu’à quand la société haïtienne devra-t-elle subir l’intimidation, la violence et les attaques ciblées contre ses acteurs civiques ?

POLITIQUE

Record d’expulsions, record de honte : un président dominicain sans mémoire

Plus de 300 000 Haïtiens expulsés en dix mois. Trois cent mille vies piétinées, et un président dominicain, fils d’immigrés, qui semble avoir la mémoire d’un poisson rouge quand il s’agit de compassion. Ironie cruelle : celui dont les ancêtres ont franchi des frontières pour survivre traite désormais les Haïtiens comme des intrus indésirables. Officiellement, la hausse de 72 % des expulsions serait due aux « patrouilles renforcées » et aux opérations conjointes de police et d’armée. En réalité, c’est un festival de cruauté organisée, avec des rafles arbitraires, des familles arrachées à la hâte, et des enfants séparés de leurs mères comme des numéros sur un registre. On dirait que la dignité humaine est devenue un luxe que le président n’a jamais pu se permettre. À Ouanaminthe, Belladère et dans les villages frontaliers, les rapatriés arrivent épuisés, affamés et humiliés, tandis que les autorités haïtiennes regardent la scène comme si c’était un feuilleton à la télévision. Le drame humain se transforme en spectacle de passivité : le silence officiel devient complice, et la misère, un décor pour la politique de l’indifférence. Ironie historique : un président dont les ancêtres ont cherché une vie meilleure refuse désormais le même droit aux autres, préférant exhiber son arrogance comme un trophée national. La frontière est devenue un ring où l’humanité se fait battre à mains nues, et le cynisme est désormais l’unique stratégie de gouvernement. Pendant que les chiffres gonflent dans les rapports dominicains, la véritable tragédie humaine est effacée. Expulser des centaines de milliers de personnes n’est pas un exploit de sécurité, c’est un acte de mépris d’État, une insulte à l’histoire, et un rappel cruel que la politique peut être un outil de terreur pour ceux qui ont oublié leur passé. Et que dire du président et de ses conseillers ? Ils semblent croire que la frontière est un terrain de jeu pour leur arrogance. Haïti n’est pas un décor pour leurs expériences de pouvoir ; ce sont des vies humaines qu’ils piétinent avec des chaussures bien cirées. Ceux qui oublient leurs racines devraient méditer : l’histoire ne pardonne pas l’oubli, et la mémoire du peuple est infiniment plus longue que leur courte arrogance.

Affaire Jovenel Moïse : la cour d’appel de Port-au-Prince relance l’instruction

Quatre ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse, la cour d’appel de Port-au-Prince a ordonné un supplément d’enquête, jugeant que l’instruction menée jusque-là ne permettait pas d’établir la vérité dans toute sa complexité. Cette décision, rendue après plusieurs semaines d’audiences, annule l’ordonnance du juge instructeur Walter W. Voltaire, datée du 25 janvier 2024. Les magistrats ont estimé que plusieurs aspects essentiels de l’enquête restaient à explorer. « Cette décision montre que la vérité est encore loin d’être établie », confie une source judiciaire proche du dossier. « Le travail du juge d’instruction devra désormais répondre à toutes les questions laissées en suspens depuis quatre ans. » Une enquête à compléter sur les aspects financiers et techniques La cour demande que soient réunis tous les éléments susceptibles de clarifier le rôle de chacun des inculpés, à charge comme à décharge. Le nouveau volet de l’instruction vise notamment à : Retracer les flux financiers ayant servi à préparer l’opération, identifier les numéros de téléphone utilisés par les suspects et obtenir leurs relevés d’appels entre avril et août 2021, et faire appel à des experts indépendants chargés d’analyser les données techniques recueillies. Selon la décision, l’objectif est de mener « tous les actes d’instruction nécessaires à la manifestation de la vérité ». Maintien en détention et poursuite des fugitifs Les juges ont également ordonné le maintien en détention des inculpés déjà emprisonnés, rejetant les demandes de libération de Marky Kessa, Joseph Félix Badio et des 17 Colombiens poursuivis dans cette affaire. La cour a en outre exigé que les inculpés en cavale soient activement recherchés et incarcérés dans les prisons du lieu de leur arrestation. Pour conduire cette nouvelle phase, le magistrat Cyprien Jn F. Denis Pierre, membre de la cour d’appel, a été désigné juge instructeur. Des appels partiellement recevables Sur le plan procédural, la cour a déclaré irrecevable l’appel de Joverlein Moïse, fils du président assassiné, en raison du non-paiement de l’amende d’appel. Celui de Léon Charles, ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti, a également été rejeté pour vice de forme. En revanche, la juridiction a reconnu recevables les recours déposés par plusieurs personnalités, dont Martine Moïse, Claude Joseph, Louis Edner Gonzague Day, Renald Lubérice, Ardouin Zéphirin, ainsi que les 17 ressortissants colombiens. Une décision attendue dans un dossier emblématique Rendue le 13 octobre 2025, sous la présidence du juge Emmanuel Lacroix, assisté de Phémond Damicy et Cyprien Jn F. Denis Pierre, la décision a été prononcée en présence des commissaires du gouvernement Claude Jean et Rocky Pierre. Pour plusieurs observateurs, cette relance de l’enquête traduit la volonté de rompre avec les lenteurs et les zones d’ombre qui entourent le dossier depuis 2021. « Le pays attend des résultats concrets. L’assassinat d’un président ne peut pas rester sans justice », déclare un avocat au barreau de Port-au-Prince, qui suit le dossier de près. Un dossier à la portée politique majeure Le président Jovenel Moïse avait été abattu dans la nuit du 7 juillet 2021 à sa résidence de Pèlerin 5, dans des circonstances encore floues. Ce meurtre, d’une violence inédite, a plongé Haïti dans une crise politique, institutionnelle et sécuritaire profonde, accentuée par la multiplication des groupes armés et la paralysie de la justice. Depuis, plusieurs enquêtes parallèles ont été ouvertes, notamment aux États-Unis, où certains suspects sont poursuivis pour conspiration et financement du complot. Vers une possible reprise du procès en Haïti La décision de la cour d’appel rouvre la porte à une reprise complète de l’instruction, sous la supervision du nouveau juge désigné. Reste à savoir si ce supplément d’enquête permettra enfin de lever le voile sur les commanditaires de l’attentat et de répondre à la question que tout le pays se pose : qui a tué Jovenel Moïse, et pourquoi ?

Emmanuel Vertilaire hué et traité de “mimi” : quand le Karibe devient un one-man-show involontaire

Le Karibe Convention Center a vécu hier un grand moment de... comédie politique. Le conseiller présidentiel Emmanuel Vertilaire, invité à parler de bonne gouvernance (oui, vous avez bien lu), a été accueilli par un tonnerre de huées et un concert de “Mimi ! Mimi !” lancés avec la ferveur d’un carnaval improvisé. Ce sobriquet, hérité d’une vieille affaire de corruption qu’il traîne comme un parfum persistant, a transformé son discours en séance de stand-up involontaire. À voir la scène, on aurait dit un sketch : un homme parlant d’intégrité pendant que la salle entière éclate de rire. Même les chaises semblaient gênées. L’ironie d’un système qui ne se regarde plus dans le miroir Il fallait oser. Faire venir un inculpé pour détournement de fonds dans un programme consacré à la moralité politique, c’est comme inviter un pyromane à donner un atelier sur la prévention des incendies. Les organisateurs, visiblement surpris que la salle ne se mette pas à prier, ont tenté d’appeler au calme. Peine perdue. Le public, hilare, a transformé le Karibe en tribunal populaire avec verdict immédiat : coupable d’indécence symbolique. “Mimi” : un simple mot, tout un résumé Dans le dictionnaire politique haïtien, “mimi” vient d’entrer comme synonyme de duplicité assumée. C’est doux à l’oreille, mais terriblement piquant. Et quand un peuple se met à rire de ses dirigeants, ce n’est pas toujours par humour : c’est souvent par fatigue. Fatigue de voir les mêmes visages venir donner des leçons sur des vertus qu’ils ne pratiquent jamais. Silence radio du côté du Palais Comme souvent, ni M. Vertilaire ni le gouvernement n’ont commenté la scène. Peut-être qu’ils préparent une “formation express” sur comment rester digne après un bain de sarcasme collectif. En attendant, le peuple rit. Un rire amer, certes, mais libérateur. Le Karibe ou le carnaval de la conscience Hier, ce n’était pas une conférence politique, mais un carnaval de contradictions : un politicien décrié prêchant la vertu, un public moqueur plus lucide que la République, et un État qui, entre deux silences, regarde le ridicule se dérouler comme un spectacle. En Haïti, la comédie politique n’a pas besoin de scénariste il suffit d’une scène, d’un micro, et d’un “mimi” bien placé.

Bourdon : Un peuple affamé de justice recrachant le riz de la honte

Ce matin à Bourdon, un peuple affamé de justice a recraché le riz de la honte. Pas un accident. Pas un incident. Une révolte. Lesly Voltaire, politicien recyclé dans la compassion spectacle, s’est présenté au camp de l’OPC, bras chargés de sacs de riz. Il croyait nourrir la faim. Il a réveillé la colère. Les déplacés l’ont repoussé dignement, brutalement. “Nou pa bezwen diri, nou bezwen lakay nou.” Cette phrase a claqué comme une gifle à tout un système : Haïti ne crève pas de faim, elle crève de mépris. Depuis des mois, ces familles survivent sous des bâches trouées, pendant que les politiciens promènent leurs caméras et leurs sacs de dons. Ils appellent ça “aide humanitaire”. Le peuple appelle ça humiliation organisée. Lesly Voltaire voulait offrir du riz. Le peuple voulait récupérer sa vie. Deux mondes irréconciliables : celui des dirigeants qui gèrent la misère, et celui des citoyens qui refusent de s’y habituer. Chaque sac de riz tombé au sol est devenu un symbole. Le symbole d’un peuple qui dit non à la pitié, non à la mise en scène, non à la honte. À Bourdon, le riz n’a pas calmé la faim : il a nourri la révolte. Ce pays n’a pas besoin de riz. Il a besoin de justice, de courage, et de mémoire. Il a besoin qu’on arrête de couvrir la pauvreté avec des dons et des discours. Lesly Voltaire repartira, blessé dans son image, escorté par ses excuses. Mais le message, lui, ne s’effacera pas : Haïti n’est pas une soupe populaire. Haïti est un cri. Et ce cri, désormais, ne rentrera plus dans le silence. Un peuple qui rejette le riz pour réclamer la justice, C’est un peuple qui recommence à vivre. Et quand le peuple se relève, les menteurs, les profiteurs et les faux compatissants commencent, eux, à trembler.

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