Un sanctionné accuse un ancien parlementaire d’être le fondateur de la coalition criminelle “Viv Ansanm”
Quand la politique haïtienne se transforme en théâtre d’ombres
Haïti n’en finit plus de surprendre. À chaque scandale, on croit avoir tout vu — puis surgit un nouvel épisode qui dépasse les précédents.
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Arnel Bélizaire, ancien député et récemment sanctionné par la communauté internationale, a jeté un pavé dans la mare : il accuse Moïse Jean-Charles, ex-sénateur et chef du parti Pitit Dessalines, d’être le fondateur de la coalition criminelle “Viv Ansanm.”
Oui, vous avez bien lu. Le même Moïse Jean-Charles, celui qui s’est autoproclamé porte-drapeau du patriotisme, serait selon Bélizaire l’architecte d’une alliance entre gangs et politiciens, destinée à manipuler le pays par la peur et la violence.
Un scénario si absurde qu’il en devient presque banal, dans un pays où les frontières entre activisme, opportunisme et criminalité se brouillent chaque jour un peu plus.
Viv Ansanm : coalition ou cartel ?
Dans sa diatribe enflammée, Bélizaire affirme que “Viv Ansanm” n’a rien d’un projet politique.
Selon lui, il s’agirait d’une structure criminelle déguisée en mouvement social, construite pour coordonner des groupes armés sous couvert de revendications populaires.
“C’est Moïse Jean-Charles ki mete tout sa sou pye,” aurait-il lâché dans la vidéo, le regard fixe, la voix tremblante d’indignation.
Sur les réseaux, la phrase a fait l’effet d’une détonation. Certains y voient un règlement de comptes entre anciens camarades, d’autres une confession d’un acteur du système qui, pour sauver sa peau, vide son sac.Mais une chose est sûre : ce genre d’accusation, dans le contexte actuel, n’est pas anodin.
Quand le patriotisme devient business
Le leader de Pitit Dessalines n’a pas encore réagi. Silence stratégique ou mépris calculé ?
Depuis des années, Moïse Jean-Charles manie la parole avec la précision d’un sabre : ton populiste, drapeau en main, discours anti-impérialiste et promesses enflammées.
Mais derrière les slogans, beaucoup voient un commerce de la colère : manifestations orchestrées, militants payés, et rhétorique patriotique recyclée pour nourrir une ambition personnelle.
Bélizaire ne fait que dire tout haut ce que d’autres murmurent depuis longtemps : que la “résistance nationale” serait devenue une entreprise politique rentable, où le peuple sert de carburant et la peur, de moteur.
Deux anciens élus, une même ombre
Ironie du sort : les deux hommes, jadis figures du changement, incarnent aujourd’hui le désenchantement d’un pays trahi par sa propre élite. Leur affrontement rappelle une querelle entre anciens complices politiques qui connaissent trop bien les secrets l’un de l’autre. Pendant qu’ils s’accusent à coups de vidéos virales, les gangs, eux, continuent de régner, les quartiers brûlent, les familles fuient, et la population survit dans la terreur et la misère.
Pendant que Bélizaire crie, Jean-Charles se tait. Et pendant qu’ils jouent leur duel de théâtre, le pays s’enfonce dans une tragédie sans fin.
Qui osera fonder un pays ?
Au final, la question n’est plus de savoir qui a fondé Viv Ansanm, mais qui osera refonder Haïti.
La satire se confond avec la réalité : ici, même les accusations de crimes deviennent des armes politiques.
La justice reste muette, les institutions impuissantes, et la population regarde épuisée ce cirque politique se rejouer, encore et encore.